Vingt deux mille personnes, dans vingt et un pays. La BBC s’est offert une gigantesque étude d’opinion pour tenter de percer l’état des cerveaux sur la question du réchauffement climatique et des moyens d’y remédier (1).
Sur la prise de conscience des causes du réchauffement, l’opinion des vingt et un pays étudis est forgée: 79% estiment que «les activités humaines, notamment l’industrie et les transports, sont un facteur important du changement climatique». Et 90% estiment qu’il faut agir, avec 65% de l’opinion qui estime qu’il faut le faire fortement et rapidement. Les trois-quarts pensent également que les pays en développement doivent faire un effort, montrant que la stratégie de martèlement de l’administration Bush porte ses fruits.
L’étude de la BBC montre que les pays anglo-saxons sont en retrait sur la nécessité d’agir fortement: ce sont l’Espagne (91%), l’Italie (86%) et la France (85%) qui se détachent du lot, devant le Mexique (83%), le Chili (78%) et le Brésil (76%).
Le degré d’information des populations varie fortement avec la richesse de leurs pays. Dans les démocraties occidentales, peu de gens s’estiment pas ou peu informés: 8% en France, 10% aux Etats-Unis, 11% en Australie, 12% en Italie, etc. En revanche, dans les pays en développement, la population ne s’estime pas très au fait (55% en Indonésie, 41% en Egypte, 36% aux Philippines, 36% en Inde, etc.). On notera avec intérêt que les opinions publiques des Etats-Unis et du Canada sont nettement en retrait sur les causes du réchauffement: 24% et 21% des personnes interrogées estiment que les activités humaines n’en sont pas une cause significative, soit plus qu’au Kenya (20%), en Indonésie (17%) ou en Chine (11%).
Bien évidemment, les sondeurs se sont aussi penchées sur les méthodes d’action pour freiner le réchauffement. C’est là que cela devient intéressant: 83% des personnes consultées estiment nécessaire de changer leur mode de vie et leur comportement. Dans les pays du Sud, en revanche, une part importante de la population semble estimer qu’une modification des modes de vie n’est pas nécessaire. Somme toute assez logique puisque les Nigerian, Egyptiens ou les Kenyans ne passent pas pour les plus gros émetteurs de carbone…
Dans de nombreux pays (14 sur 21), l’opinion estime nécessaire une hausse du prix de l’énergie pour réduire les émissions de carbone. Mais la question de la taxation des sources d’énergie à fort rejet de carbone (charbon, pétrole) ne fait pas l’unanimité: en Chine (population urbaine), l’opinion est préparée à cela, avec 85% d’opinions favorables. Mais les sondeurs précisent que le gouvernement chinois mène une forte campagne d’information avant la mise en place de taxes en 2008. Dans la plupart des pays, notamment en France, l’opinion est également partagée entre l’opposition et l’acceptation de l’idée de taxes. Ce sont les italiens, brésiliens et les états-uniens qui y sont le plus opposés. A noter que si la création de taxes sur le carbone s’accompagne d’une réduction d’autres impôts, les opinions deviennent très majoritairement favorables à l’impôt sur le carbone.
Image © Denis Delbecq 2007
(1) Un total de 22,182 personnes ont été interrogées, face à face ou par téléphone dans les pays suivants: Australie, Brésil, Canada, Chili, Chine, Egypte, France, Allemagne, Grande-Bretagne, Inde, Indonésie, Italie, Kenya, Mexique, Nigeria, Philippines, Russie, Corée du sud, Espagne, Turquie et Etats-Unis. Enquête conduite entre le 29 mai et le 26 juillet 2007 par l’institut GlobeScan pour le compte de la BBC. Dans huit des vingt-et-un pays, l’échantillon était limité aux populations urbaines.