Un demi-Nobel pour les braves

on, alors comme cela, l’infatigable Al Gore a reçu un Nobel de la Paix. Etrange choix. Certes, le bonhomme a beaucoup fait pour creuser les cerveaux étatsuniens et y glisser quelques informations clés sur le réchauffement climatique. Et au passage, ce Nobel devrait ôter les idées absurdes qui jaillissent parfois dans des cerveaux dérangés, comme ce britannique qui bataille depuis des mois pour empêcher la diffusion dans les écoles du royaume du film de Gore —sans jeu de mot aucun— sur le réchauffement. Est-ce qu’on traîne Sarkozy en justice pour interdire la lecture de la lettre de Guy Môquet?

Mais revenons à notre gaz à effet de serre, qu’Al Gore combat tout en étant lui-même un sacré émetteur. Car si Gore parcours la planète à longueur d’année depuis que la Révélation lui est apparue, c’est le plus souvent en jets privés dont on sait combien ils aiment émettre CO2 et autres radiateurs atmosphériques.

Alors sans doute le jury du Nobel a-t-il voulu envoyer un message à monsieur Bush et à ses nouveaux amis chinois et indiens qui se félicitent de l’obstination du premier américain. Cela permet à tout ce petit monde de faire comme si de rien n’était ou presque, alors que des discussions onusiennes doivent s’ouvrir en décembre à Bali. Mais le message n’aurait-il pas été aussi percutant si, au lieu de leur reconnaître un demi-rôle, le jury n’avait osé attribuer la totalité du prix au Giec, le panel de l’Onu qui fait un travail épatant?

On ne peut que se féliciter de l’irruption des croisés de l’environnement dans le palmarès des Nobel de la Paix (Il y avait eu la Kényane Wangari Mataï il y a deux ans). Car la prise de conscience des coséquences de notre mode de vie sur la planète et ses futurs habitants est sans doute l’une des cause les plus nobles qui soient. Moi, au nom du jury d’Effets de terre, je préfère remettre la palme 2007 toute entière aux savancosinus qui tentent de comprendre ce qui nous arrive pour nous permettre de faire machine arrière. Et le bonnet d’âne à notre Sarkozy de président qui aura encore raté  aujourd’hui une occasion de se taire sur le nucléaire (non, monsieur le Président, la France n’émet pas deux fois moins de gaz à effet de serre que les autres pays d’Europe).

Pour le Nobel de la paix 2008, je vous propose un duo 100% étatsuniens: l’ex-Président Clinton, et le nabab du monopole informatique Bill Gates, pour leur exemplaire investissement (du temps pour le premier, des milliards pour l’autre) dans la lutte contre le sida, le palu et les grandes pandémies.

Et pour 2009, on pourra donner le Nobel aux statisticiens de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Contrairement à la classe dirigeante française, ils ont compris que le nucléaire pèsera de moins en moins dans le bilan énergétique de la planète et qu’il faudra chercher ailleurs pour fabriquer un thermostat.

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