l y a des jours (hier pour être précis) comme cela, où l’actualité se télescope. Pendant que se tenait un grand raoût des patrons européens de l’énergie qui ont supplié les Etats de convaincre leurs citoyens d’avaler un retour en grâce du nucléaire, un organisme britannique influent, la Commission pour le développement durable, dit tout le bien qu’elle pense d’un vieux serpent de mer, la construction d’un barrage géant sur l’estuaire de la Severn, pour capter l’énergie marémotrice. Grosso modo, pour 15 milliards de livres sterling (22 milliards d’ euros), la Grande-Bretagne disposerait d’une usine marémotrice de 8640 MW (36 fois notre usine de la Rance) capable de délivrer 17 TWh par an, soit 4,4% de l’électricité consommée outre-Manche. (1)
Le diable se niche toujours dans les détails. En fouillant pour voir comment les militants écologistes britanniques prenaient cette idée de barrage géant (2), je suis tombé sur les projets de la petite firme Tidal Electric qui propose une autre approche de l’énergie marémotrice, soutenue notamment par les Amis de la Terre. Car l’idée défendue par l’entreprise britannique ne semble avoir que des avantages, si on oublie que le concept a été dessiné et modélisé mais jamais testé en grandeur réel: Tidal propose de construire des «lagons à marée»: en gros, on érige des murs pour former des bassins circulaires dans les estuaires qui se remplissent et se vident au rythme des marées. L’eau ne peut s’y engouffrer qu’après avoir traversé des conduits équipés de turbines.
Au lieu de fermer complètement l’estuaire d’un gros barrage cher, qui ferme la navigation, bloque les poissons et empêche les surfeurs de profiter des mascarets, on sème une série de «lagons» qui perturbent moins l’environnement. Tidal prétend que son électricité serait nettement moins chère que celle des infrastructures gigantesques.
Alors vite, qu’on lui signe un chèque pour voir une preuve du concept. Il reste plein de zones favorables à l’énergie marémotrice en Europe!
(1)Pour la petite histoire, ces 17 TWh représentent la consommation annuelle de l’usine d’enrichissement d’uranium Eurodif (groupe Areva)…
(2)La France a dans les années soixante-dix fantasmé sur un ouvrage encore plus gigantesque, fermant la Baie du Mont-Saint-Michel.