Des cris face à l’ouragan

Il faut lire, pour ceux qui maîtrisent l’anglais, le texte qu’a écrit Yifat Susskind, la porte-parole de l’organisation de défense des droits de la femme Madre. Elle témoigne de ce que lui a raconté au téléphone Rose Cunningham, une indienne Miskito du Nicaragua. Rose avait tenté de prévenir sa communauté de l’arrivée du cyclone Félix. La mer a rejeté des dizaines de corps après le passage de l’ouragan qui a tué au moins cent personnes, tandis que les armées hondurienne et nicaraguayenne, appuyée par l’US Army, parcourent la région à la recherche de survivants.

Rose Cunningham, qui dirige une petite association de développement, avait eu accès à internet la veille de l’impact. Comme vous, comme moi. Alors elle a remonté la rivière, bravant et criant le danger à l’adresse des villages de cabanes installé sur les rives. La plupart des humains ont survécu, mais les habitations et les plantations ont été rasées par les vents à 250 km/h. Et les survivants vivent aujourd’hui sous la menace des crues: Felix a libéré des murs d’eau qui dévalent les pentes des montagnes et viennent gonfler les cours d’eau.

Fort heureusement, les bilans ne sont pas comparables, mais il y a des airs de ressemblance entre les drames du tsunami de l’océan indien et les cyclones qui frappent régulièrement l’Amérique centrale. Un gouvernement informé, qui dispose des moyens de communication, d’un accès direct aux prévisions des grands spécialistes. Et des communautés pauvres, pêcheurs et donc installés au bord de l’eau mais déconnectées de tout moyen de télé-communication, même rudimentaire, parce qu’aucun système d’alerte n’existe.

Ce que n’importe quel internaute qui ne connaît les cyclones que par la télévision peut voir évoluer quotidiennement, cinq, dix fois par jour, les laissés-pour compte de la croissance n’y ont évidemment pas droit. Les communautés indiennes du Nicaragua et du Honduras sont les mêmes que celles qui avaient été frappées si durement par l’ouragan Mitch en 1998. Dix mille morts. Mais neuf ans plus tard, rien n’a été fait ni par les autorités locales, ni par la communauté internationale. L’épaisse forêt résonne encore sans doute des cris de Rose Cunningham.

La plupart des corps rejetés par les eaux étaient des indiens qui se trouvaient sur l’eau quand Felix est arrivé. Ils n’avaient rien à y faire. On aurait du les prévenir, leur expliquer que leur frêle embarcation ne peut rien face à des vagues gigantesques qui viennent renforcer une marée survitaminée de plusieurs mètres de haut.

On doit les prévenir, leur dire que l’avenir risque d’être toujours plus agité sur les rives de l’Amérique centrale. Et si les chercheurs s’étripent encore pour savoir si les années cycloniques records tiennent du réchauffement ou de la variabilité naturelle du climat, il y a des faits: Dean, puis Felix, c’est la première fois, depuis plus de cent ans que la météorologie enregistre le temps, que deux super-cyclones de force cinq touchent terre la même année.

Image © Croix-Rouge internationale

Un commentaire

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