Un alien qui, en plus, pollue les sols

Elle n’est pas sympa, la vigne kudzu. Introduite aux Etats-Unis en 1876 comme plante d’ornement, elle fut ensuite largement cultivée dans le sud du pays pour lutter contre l’érosion, avant qu’on la classe comme envahissante en 1953. Mais voilà, aujourd’hui elle couvre 3 millions d’hectares aux USA et on vient de découvrir qu’elle modifie la qualité de l’air. Et ce n’est pas une bonne nouvelle.

Pueraria montana est du genre costaud. Cette liane peut grimper de 30 cm par jour, et atteindre 20 à 30 m de haut avec une vingtaine de tiges de dix centimètres de diamètre par pied. De quoi enserrer de beaux arbres et les casser sous son poids, ou les priver de lumière, grâce à ses grandes feuilles (belle galerie ici de plantes invasives). Vivace et coriace et il est particulièrement difficile de s’en débarrasser. Au Japon, où la plante est connue depuis plus de mille ans, on en tire toutes sortes de préparations culinaires et médicinales. Mais aux USA, c’est un fléau qui en plus modifie les sols.

Car Pueraria fixe l’azote mieux que ses congénères et enrichit les sols au point d’être capable de stimuler les algues qui étouffent les cours d’eau. Et crache des oxydes d’azote, un truc pas terrible pour l’effet de serre. Pour s’en débarrasser, l’idéal serait un bon gros froid de canard l’hiver, du genre glaciation durable. Mais comme la plante est installée au sud-est des USA, et que le climat se réchauffe à la vitesse grand V, les étatsuniens ne sont pas près de s’en défaire. Dire qu’elle n’a pas trouvé de pollinisateurs dans la région et qu’elle se contente de se développer par ses racines et par stolons…

Aux dernières nouvelles, Pueraria a été repérée en Italie en 2004, puis en Suisse et l’Organisation européenne pour la protection des plantes s’en est émue. Imaginez un peu qu’elle s’adapte à notre climat hexagonal…
Source: congrès de la Société écologique américaine qui se déroule cette semaine à San José (Californie)

Image © Université de Floride/Ann Murray

2 commentaires

  1. Merci pour cette info. En Normandie, les plantes invasives sont déjà bien présentes sur les pelouses calcicoles ou en lisière de forêt avec le buddleia. Le kudzu peut tout à fait s’intaller en zone méditéranéenne.
    J’ai relayé ton info sur mon blog. A bientôt.

  2. J’ai cherché en vain un bon site qui recense cette flore pour nos contrées, notamment celle qui squatte les friches, les trottoirds et tous les insterstices de Paris et sa banlieue. Dans ce cas leur nuisance est toute relative: qui se plaindra des roses trémières qui semblent, cela dit, avoir mal supporté le changement de climat de cet année? De bien identifié, il y a bien sûr l’arbre aux papillons « Buddleia de David » qui nous vient de Chine, assez innofensif, puisqu’il a une certaine prédilection pour les voies ferrées et les terrains vagues:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Buddleia_de_David

    mais je n’ai pas encore trouvé trace d’un arbre qui pousse ces frondes un peu partout dans la moindre faille du béton, lance ses tronc et vous fait une petite forêt en moins de rien. Il est aussi planté, le long de la voie aérienne de la ligne 2 notamment aux environs de Staliongrad…

    Des stratégie étonnantes, qui ont permis à ces espèces exotiques de conquérir ces espaces délaissés. Dans ce cas nous avons affaire autant à des plantes pionnières, un vieux terme de botanique, qu’à des plantes invasives, pionnières de nouveau milieu… Par une rencontre insolité. Leur rôle dans les changements en cours?

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