L’UMP avait bouffé de l’OGM

Ah elles me font marrer les ONG. Avalanche de communiqués aux titres évocateurs, après le rejet surprise de la loi OGM par l’Assemblée nationale. La mobilisation a payé, victoire du peuple sur les semenciers, l’Assemblée a suivi la grogne populaire, et j’en passe. Je sais bien qu’un militant ça s’encourage pour garder la fleur au fusil, mais faut peut-être pas pousser mémé dans un champ d’OGM, elle va se contaminer.

OK, la seconde lecture du texte, qui devait être une promenade de santé pour les semenciers, s’est transformée en cauchemar. Grâce au bon tour joué par l’opposition qui a balancé une question préalable, sorte de peau de banane démocratique, sous les pieds des députés de l’UMP. On attend avec délice le Canard enchaîné de la semaine prochaine pour lire le récit des engueulades qui n’auront pas manqué dans les rangs des copains du lider maximo verde.

En tous cas, le communiste André Chassaigne, déjà auteur d’un amendement surprise voté en pleine nuit, et qui restreignait les cultures OGM, a prouvé son savoir-faire es-procédure législative. Exit le texte OGM, on s’étrangle dans le temple élyséen de la haute couture. Mais bon, en faire la Une de Libé est un peu too much.

On ne sait pas trop où étaient passés les 186 députés UMP qui manquaient à l’appel. Partis bronzer au soleil du joli mois de mai? Ripailler avec les rois de la semence transgénique? Eliminer tous les OGM avalés au déjeuner? Cette fois, ils ne dormaient pas (on l’espère) vu l’heure pas du tout nocturne du vote parlementaire. En tous cas, le détestable Copé, patron de l’UMP à l’Assemblée, a du entendre ses oreilles siffler du côté de l’Elysée. Tel qu’on le connaît, le (mauvais) animal politique va nous expliquer que ce vote était une stratégie soigneusement calculée pour redorer le blason de son patron. Vraiment épatant ce Copé.

On peut rire de cette bonne farce et des sueurs froides infligées à Monsanto et consorts, et se féliciter que ce texte assez mauvais a été jeté aux orties. Mais il reviendra fissa sur le bureau de l’Assemblée, on peut faire confiance à la tenacité légendaire de Borloo, vous savez, celle qu’il met à construire des autoroutes en plein Grenelle. On aura droit une nouvelle fois à toutes les ficelles de procédure et les séances d’avalage de couleuvres de la petite Kosciusko-Morizet. Pendant ce temps, les militants écolos pourront alourdir leurs pétitions, manifester et remanifester, et tenter d’infléchir une loi qui avait juste oublié de protéger les cultures traditionnelles et bio de la contamination. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ce texte risque fort de repasser sans modification de sa génétique. Et ce n’est pas une bonne nouvelle.