C’était un rêve. Et Fred Pierce est revenu sur Terre. Mon confrère britannique raconte jeudi comment il a cru au mirage d’une ville écologique qui devait être bâtie pour accueillir 500 000 habitants près de Shanghai (Chine). Une éco-cité sans voitures, alimentée aux énergies propres et nourrie aux légumes bio. Plus de vingt-mille personnes devaient s’y installer avant la grande Shanghai Expo de 2010.
Trois ans plus tard, relève Pierce, il y a bien quelques éoliennes et une ferme bio, mais c’est tout. La firme d’ingénierie britannique qui pilotait le projet pour le compte des autorités chinoises a du plier bagage. La Dongtan verte a disparu, pour des raisons obscures.
De fait, beaucoup de gens y avaient cru. Même Tony Blair et l’ancien maire de Londres, Ken le Rouge. On venait du monde entier assister à cette grande première qui promettait une empreinte écologique réduite des trois-quarts… Mais aujourd’hui, les rares chantiers portent sur de banales tours pour appuyer le boom économique —quelque peu ralenti ces derniers temps— de Shanghai. Et Pierce n’est pas fier d’avoir vanté, comme tant de journalistes et d’hommes politiques, cet écran de fumée. Mais la différence avec beaucoup de gens, c’est que Pierce le reconnaît publiquement. Suffisamment rare pour être souligné.
Grosse déception en effet, mais le résultat est atteint. Tous ceux qui ont eu vent de cette affaire, abondamment célébrée dans les médias occidentaux, croient maintenant à l’inauguration prochaine de cette cité. Bien qu’ayant des doutes sur la capacité de la Chine à mener un tel chantier, étant donné l’écart considérable entre les préoccupations concrètes de leur société et l’utopisme de ce projet, j’ y avais cru moi-même , y voyant une entrée volontariste dans le modernisme.
Le greenwashing est maintenant d’une pratique courante dans tous les médias et dans tous les mileux politiques. Et çà marche! cà me rappelle les temps pas si lointains où tous les dentifrices se devaient d’être à la chlorophylle!
Ce qui est très dommage, c’est que tant d’écologistes se prêtent à ce jeu, eux qui sont si critiques à l’égard des « mensonges » des institutions établies.