Il y a quelques semaines, la cour d’appel de Paris a clos l’enquête sur l’impact sanitaire du nuage de Tchernobyl, provoquant l’ire des victimes de cancer de la thyroïde et des mouvements écologistes. Une décision qui semblait inéluctable puisque aucune preuve scientifique permet aujourd’hui de savoir si une tumeur présente un lien ou pas avec une exposition à la radioactivité. Mais à l’avenir, les choses pourraient en être autrement: une équipe française se propose de mettre au point une technique capable de déterminer si une tumeur est liée aux rayonnements ionisants.
Ces travaux ont été publiés en août dans la revue PLoS One, dans une quasi-indifférence générale. C’est un communiqué du CEA du 20 septembre qui a mis l’information sur la place publique. Les chercheurs de l’organisme, associés à l’Institut Gustave Roussy de Villejuif et des chercheurs niçois (Inserm, université de Nice) ont repéré une «signature» caractéristique d’une exposition aux rayonnements ionisants dans des tumeurs de la thyroïde. Un premier pas encore fondamental, mais qui laisse espérer la mise au point d’un test qui permettrait de savoir si un cancer est radio-induit, alors qu’aujourd’hui, en cas d’accident nucléaire, les scientifiques sont contraints de conduire des études épidémiologiques, avec les aléas qu’elles peuvent porter
Les chercheurs ont passé en revue tous les gènes actifs dans des tumeurs apparues après une radiothérapie, et sur des enfants vivant près de Tchernobyl, en les comparants à ceux de tumeurs non radio-induites (qu’on appelle sporadiques). Par recoupement, une «signature» a pu être identifiée, qui porte sur 332 gènes. De même, une réanalyse de données publiés par d’autres équipes a aussi permis de retrouver une signature de l’exposition aux rayonnements ionisants. (1)
Il faudra encore beaucoup de temps pour que ces travaux débouchent sur un test fiable. Mais il laisse espérer qu’il sera possible à l’avenir de savoir si un patient a été victime d’un nuage radioactif… Parce que s’il y a une chose qui est statistiquement probable, c’est qu’il y aura d’autres accidents à l’avenir. Et donc d’autres procès…
(1) D’autres comparaisons fructueuses ont porté sur des tumeurs du sein radioinduites et sporadiques
L article et une courte interview de la chercheuse sont passees a « la tete au carre » de France Inter, je-sais-plus-quand.
Est ce que ca permettra une fois pour toute de solder le debat sur les faibles doses? A mon avis non, car les cancers induits ou non-induits sont deja sous la limite de detection.
Intéressant, mais on continuera probablement à tourner en rond dans le domaine des faibles doses, car il faut trouver des cas de faibles doses ayant déclenché en toute certitude des cas de cancer, et je ne vois pas comment. Sinon, on cherchera à extrapoler aux faibles doses les résultats obtenus aux fortes doses, ce qui est méthodologiquement incorrect.