Commençons par la région de San Diego, dans le sud de la Californie. Là-bas, le calamar de Humboldt fait des siennes. D’ordinaire, l’animal vit dans les eaux profondes du Pacifique mexicain, plus au sud. Mais pour une raison inconnue, il fait de plus en plus d’incursions dans les eaux côtières, secouant le moral des amateurs de plongée. Imaginez-vous avec une tentacule de cinq centimètres de diamètre ventousée sur votre masque et vous comprendrez leur frayeur. Cette année, ces «jumbo squids» seraient là par milliers.
Mais il y a plus désagréable, voire plus dangereux. Dans le Sud de la France, certaines communes ont placé des barrières anti-méduses pour repousser les fameuses Pelagia Noctiluca, ces porteuses de micro-seringues si douloureuses pour la gent humaine. Efficace, mais un peu liberticide pour les nageurs car ces piscines ainsi dessinées ont à peine la taille d’un bassin olympique. Dans l’Ouest de la France, c’est surtout chrysaora hysoscella qui se rencontre. Bien plus grande que sa cousine de Méditerranée (10 cm à 30 cm) elle aussi démange les baigneurs.
Un crabe opportuniste voyage sans se piquer sur une méduse de Nomura:
Les méduses apprécient aussi les eaux anormalement chaudes (17°C au lieu de 14-15°C) qui bordent cette année les côtes Ecossaises. Mais pour le moment, les espèces qui prolifèrent ne sont pas urticantes, c’est toujours ça de pris. Il y a dix-huit mois, une horde sauvage s’était attaquée à un élevage de saumons en Irlande du Nord, faisant cent mille victimes. Pensez-donc, 25 kilomètres carrés sur six mètres d’épaisseur!
Mais je garde le meilleur pour la fin. Au Japon, on se prépare à affronter un tsunami de méduses de Nomura. Des machins qui peuvent atteindre près de deux mètres de diamètre et… deux cent cinquante kilos! Elles reviennent régulièrement depuis quatre ans en mer de Chine orientale, près du Japon et de la Corée du Sud. Une vraie menace, cette fois pour la pêche car ces méduses obstruent aisément les filets!
Reste à savoir pourquoi ces «monstres» marins multiplient leurs apparitions. Certains invoquent le réchauffement des océans et les changements de courants. D’autres la disparition de leurs prédateurs et la baisse des populations de poisson qui rend le plancton plus disponible. Ce qui est sûr, c’est qu’un monde du silence sans tortues marines ni requins connaîtra une explosion démographique de leurs victimes!
Pas qu’une menace pour la pêche d’ailleurs, les méduses obstruent les circuits de refroidissements des installations industrielles le long de la côte, elles ont même réussies à arrêter des réacteurs nucléaires !