Remplacer le pétrole par du carburant végétal, c’est vrai que c’est tentant. Après de nombreuses études qui mettent en cause l’intérêt climatique des agrocarburants, des travaux néerlandais soulignent combien les cultures énergétiques ont soif. La pire, c’est une plante considérée comme miracle: le jatropha a besoin de presque 20 000 litres d’eau pour chaque litre de carburant qu’on en tire… Ça met le réservoir de berline à un million de litres d’eau douce…
Depuis les émeutes de la faim de 2007 et 2008, les agrocarburants d’origine alimentaire n’ont plus bonne presse. Qualifiées par l’iconoclaste Jean Ziegler de «crimes contre l’humanité», ces cultures entrent directement en compétition avec la production alimentaire. C’est le cas, par exemple du maïs. Plus du tiers de la production américaine est désormais convertie en éthanol pour satisfaire à la réglementation américaine sur l’usage des agrocarburants.
C’est pour cette raison que le jatropha, dont j’ai parlé récemment après sa mise en cause par un rapport des Amis de la Terre, apparaissait comme un végétal de choix: c’est un arbuste qui pousse sur des sols de mauvaise qualité et dont on peut récolter les fruits pendant une vingtaine d’années —ce qui limite la dépense d’énergie pour le récolter— et qui affiche une haute teneur en huile, qui est ensuite convertie en agrodiesel. Bref, le pied, comme dirait notre lecteur Tilleul, qui en possède même un plant chez lui.
Avant de jeter leur dévolu sur le jatropha, les responsables politiques et les compagnies pétrolières devraient lire les Annales de l’Académie américaine des sciences (1). Un trio de l’université de Twente a étudié les données disponibles sur les 12 types de cultures énergétiques les plus courants, en s’attachant à déterminer leur besoin en eau. En tenant compte des sols, de la pluviométrie, de l’évapotranspiration, etc.
Le verdict ne tourne pas à l’avantage du jatropha. Alors que la betterave ne boit «que» 1388 litres d’eau par litre de carburant (éthanol), le litre de diesel de soja a pompé 13680 litres d’eau, et celui tiré du jatropha culmine à 19 924 litres… A noter que les données sur cet arbuste sont une moyenne obtenue à partir des données disponibles sur les cultures existantes en Inde, Indonésie, Nicaragua, Brésil et Guatemala. Les chercheurs soulignent qu’une amélioration des cultures permettra à l’avenir d’augmenter les rendements sans accroître la consommation d’eau. Mais en aucun cas au point de donner au jatropha la soif d’un champ de betteraves… Tout ça donne soif, vite un verre de Château Lapompe!
(1) The water footprint of bioenergy, Winnie Gerbens-Leenesa, Arjen Y. Hoekstraa, et Theo H. van der Meerb. PNAS du 1er juin 2009.
Et oui Denis, il ne faut pas vous étonner !! Depuis le temps que certains nous pompent l’air avec le moteur qui marche à l’eau, il fallait bien que cela arrive… L’essence super taxé, c’est 1,10 euro le litre.
Nous sommes au stade où nous avons besoin de plus en plus d’énergie pour produire l’eau et il nous faut de plus en plus d’eau pour produire de l’énergie. Cela fait beaucoup de feedbacks négatifs pour une exploitation soi-disant « efficace » de ce qui reste à exploiter. Le prédateur humain se dit qu’il n’a pas le choix, il faut faire vite et presser le citron le plus rapidement pour en extraire les dernières goutes car sinon … Non, on ne peut pas se permettre d’envisager cette éventualité (certains vont jusqu’à dire que l’envisager est dangereux).
Tristement, la vision moderne appelle cela le progrès et considère l’autosuffisance ou la sobriété comme ringarde voire dangereuse (le protectionnisme). Il semble que cela soit trop simple pour être compris par des économistes. A chaque litre de pétrole consommé, la voiture pour tous (et notre système économique basé dessus) qu’elle soit à combustion, hybride ou électrique a de moins en moins d’avenir. Cela étant, il semble qu’il faille des signaux bien plus voyants pour que nos dirigeants et les citoyens le comprennent !
On rebat les cartes et on recommence ? Non, il n’y a qu’une seule donne, partagez-vous les restes !
A propos des différents pics d’exploitation des ressources, je conseille vivement le bouquin « Peak Everything » de Richard Heinberg.
Chaque jour une raffinerie de pétrole aux USA rejette 42 000 litres de pétrole et d’autres produits chimique dans l’air; le sol et l’eau. Le process de raffinage comptait pour 8% de la consommation totale d’énergie des Etats Unis en 1998 sous forme de gaz naturel et d’électricité, une raffinerie consomme habituellement entre 1,8 et 2,5 kg d’eau pour chaque kg de matière brute (et on ne parle que des ressources conventionnelles). La consommation d’eau s’élève à 17,000 L à 24,000 L par minute pour une raffinerie qui traite 100 000 barils par jour.
Le Jatropha Curcas c’est une plante qui pousse à l’état sauvage au Mali, alors 20 000 Litres d’eau ça sent la manip à la Pimentel. C’est quoi leurs sources ?
Autre exemple l’éthanol de maïs :
Il faut 300 litres d’eau en moyenne pour faire pousser un kg de maïs. Il faut 3 kg pour faire un litre d’éthanol, soit 900 litres d’eau.
Prenons une voiture qui roulerait essentiellement avec de l’éthanol et consommerait l’équivalent de 6 litres d’essences aux 100km. L’éthanol n’ayant pas la même valeur énergétique que l’essence, il faut 1,25l d’éthanol pour avoir la même énergie: 8 litres d’éthanol correspondent donc à 6 litres d’essence.
Donc pour faire 100 km, il aura fallu – et sans tenir compte de la dépense en eau lors de la fabrication de l’éthanol ! – 8×900 l , soit 7 200 l ou bien pour chaque km parcouru 72 l d’eau !!!
72 litres d’eau au km pour un carburant dont le bilan énergétique est probablement…négatif !
MH
(from journeytoforever)
Food vs fuel?
The anti-biofuels controversy
There’s been a growing storm of protest against biofuels in the last few years, rising to a frenzy this year (2008) as the global food crisis hit home.
It’s been claimed that biofuels are « even worse than fossil fuel », that biofuel production is driving millions of poor people into starvation, that biofuels are a « crime against humanity » — it’s reported that tropical rainforests are being destroyed to make way for biofuels crop plantations, while good farmland is being used to raise biofuels crops instead of food, creating food shortages and driving up food prices, especially for the world’s poor.
Dozens of countries have seen food riots as prices soared out of reach and angry people took to the streets.
Authorities estimate that the crisis has already driven at least 30 million more poor people to hunger, and warn that the numbers of the newly hungry could rise to as much as 290 million or even much higher. And they say much of the blame lies with biofuels production.
Are biofuels really to blame?
Yes, partly, but there’s more to it than that — it doesn’t work quite that way, and neither does hunger.
First of all, not all biofuels are the same.
GRAIN, an international non-governmental organisation that promotes sustainable agriculture, defined what isn’t biofuel in an excellent 60-page report in June 2007 on the damage the biofuels « craze » is causing:
« We believe that the prefix bio, which comes from the Greek word for ‘life’, is entirely inappropriate for such anti-life devastation.
« So, following the lead of non-governmental organisations and social movements in Latin America, we do not talk about biofuels and green energy.
« Agrofuels is a much better term, we believe, to express what is really happening: agribusiness producing fuel from plants as another commodity in a wasteful, destructive and unjust global economy. »
http://www.grain.org/nfg/?id=502
Quite right.
But GRAIN didn’t define what biofuel is, only what it isn’t.
Real biofuel that causes no anti-life devastation is being produced worldwide by thousands upon thousands of small-scale projects focusing on local production for local use. They use renewable, locally available resources wherever possible, including wastes, and they fit in with the local community and the local environment.
Nobody knows quite how many of them there are or how much fuel they produce, but it totals many millions of gallons a year, going up fast, and that many millions of gallons a year of fossil fuels not used.
This is the Appropriate Technology approach founded in 1973 by the British economist Dr. E.F. Schumacher in his famous book Small is Beautiful — Economics as if people mattered, which is still the foundation text on a sustainable future.
None of the arguments against agrofuels apply to this type of biofuels production, whether it’s of biodiesel, ethanol, biogas or whatever.
Real biofuels are indeed clean, green, renewable and sustainable, and it’s real biofuels that Journey to Forever promotes and has helped to develop.
« Small is beautifuel, » commented Prof. Pagandai Pannirselvam of Brazil at the Biofuel email discussion group hosted by Journey to Forever.
And big is agrofuel, not beautifuel.
Like all agribusiness crops, agrofuels are industrialised monocrops that guzzle fossil-fuels, spew out greenhouse gases, wreck the environment and the soil, impoverish local people and are unsustainable in every way.
Objections to biofuels-as-agrofuels are really just objections to industrialised agriculture itself, along with « free trade » (free of regulations) and all the other trappings of the global food system that help to make it so destructive.
With the demand for agrofuels soaring in the rich countries, agribusiness palm-oil production in the tropical countries is indeed even more evil than it used to be, and it is causing rainforest destruction as the palm-oil plantations spread. But it’s really just a difference in scale and degree, it’s nothing new — it was doing that anyway long before the demand for agrofuels arose.
It’s the same with the other cases where agrofuels production is damaging the environment and ruining local people’s livelihoods, it’s just agribusiness-as-usual, only worse.
The hunger also isn’t new. The number of hungry people has been fairly constant at about 850 million for at least 20 years. The current estimate is that 862 million people are starving and nearly 3 billion are undernourished — nearly half of humanity.
A Worldwatch Institute report, « Biofuels for Transport », prepared for the German Federal Ministry of Food, Agriculture and Consumer Protection in 2007, calls for policies to promote small-scale, labour-intensive production of biofuels crops rather than « large plantations of monocultures controlled by wealthy producers, who could drive farmers from their land… » See « Biofuels for Transport: Global potential and implications for sustainable energy and agriculture in the 21st Century », Worldwatch Institute, Earthscan, 2007, 452pp.
http://www.earthscan.co.uk/?tabid=1161
Extended summary:
http://www.worldwatch.org/system/files/EBF038.pdf
More and more people are saying similar things, including some rather prominent ones.
Since January 2008, Professor Robert Watson, chief scientist at the UK’s Department of Environment Food and Rural Affairs (DEFRA) and Director of the UN’s ground-breaking IAASTD World Agriculture Report released in April, as well as the UK government chief scientific adviser Professor John Beddington, plus his predecessor Dr David King, along with a British Royal Society report of a 14-month study on biofuels, and the IAASTD World Agriculture Report itself, have all attacked biofuels production for causing rainforest destruction and displacing food crops and small farmers, and for causing more carbon emissions than they save.
But they all pointed out that not all biofuels are the same: there are « good » biofuels and « bad » biofuels.
The IAASTD World Agriculture Report, the work of more than 400 scientists over four years and the biggest study of its kind ever conducted, said: « Small-scale biofuels could offer livelihood opportunities, especially in remote regions and countries where high transport costs impede agricultural trade and energy imports. »
The British Royal Society report said: « Each biofuel must be assessed on its own merits. » See Sustainable biofuels: prospects and challenges, The Royal Society 14 Jan 2008, PDF 922kb
http://royalsociety.org/displaypagedoc.asp?id=28914
« It is important to remember that one biofuel is not the same as another, » said Professor John Pickett, who co-authored the Royal Society report. He said it « depends on how crops are grown and converted and how the fuel is used ».
In other words, grow biofuels, not agrofuels.
La question n’est pas de savoir s’il existe des carburants végétaux qui pourraient aider des communautés rurales ou paysannes à accéder à une certaine autonomie énergétique.
La question est plutôt de savoir POURQUOI ces alternatives n’ont PAS été développées plus tôt.
Pourquoi a-t-on empêché pendant 20 ans un groupe du Lot-et-Garonne d’utiliser des huiles végétales pures (HVP) ?
La réponse est simple : ni le Crédit Agricole, ni la Coopérative du coin n’ont intérêt à avoir des agriculteurs autonomes !
D’ailleurs le modèle développé, ce n’est pas l’HVP mais l’éthanol de maïs. L’agriculteur continue d’acheter ses semences à la Coopérative – voire aussi les engrais, les traitements et le matériel d’irrigation – ensuite il revend son maïs à la Coopérative. C’est elle qui le vend à l’usine d’éthanol dont elle possède un certain nombre de parts. L’agriculteur reste totalement dépendant de la coopérative et tout va bien.
MH
peut être aussi parce que la combustion des huiles végétales génère des dioxines…
Ils annoncent 14 000 L d’eau pour 1 litre de colza…
1 hectare de colza = 1000 L d’huile de colza => 14 millions de Litres d’eau = 14 000 metres cubes
en France il y a 3 millions d’hectares de colza => 42 milliards de metres cubes d’eau
Une recherche google me donne ça :
« Les prélèvements totaux en eau dans le milieu naturel, en France, ont été estimés, pour l’année 1995, à 40 milliards de mètres cubes. »
http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/france/11_consommation.htm
Après bon… moi quand je vois dans une étude « edited by David Pimentel » j’aurais tendance à la mettre en doute systématiquement… (pour une interview du gars : http://www.grist.org/article/philpott2/ )