Puits de pétrole et torchères, c’est presque synonyme. Car ces flammes qui donnent parfois des images spectaculaires sont le meilleur moyen qu’ont trouvé les exploitants pour se débarrasser des gaz qui jaillissent avec l’or noir. Un moindre mal puisque le gaz carbonique émis par ces flammes réchauffe vingt fois moins la planète que le méthane imbrûlé. Mais il provoque une forte pollution dans les régions d’exploitation. Car le gaz sorti du gisement contient du sulfure d’hydrogène et des impuretés, et sa combustion est incomplète.
Pourquoi diable ne pas le récupérer ce méthane? Une banale question d’argent. Dans certains pays, le gaz présente peu d’intérêt économique: il serait trop compliqué de le récupérer et de le transporter, et ce gaz génère moins de profit que le pétrole. Il existe pourtant un autre moyen: réinjecter ce gaz dans le puits de pétrole, mais les compagnies rechignent à le faire, sauf quand les puits vienne à se vider. Dans ce cas, la réinjection permet d’assister la production de pétrole!
Au Nigeria, à compter du 31 décembre de cette année, il sera interdit de faire fonctionner les torchères. Mais comme d’habitude, cette interdiction ne sera pas respectée en dépit des progrès réalisés ces dernières années… D’ailleurs, le Daily Trust rappelait il y a quelques jours que l’Etat avait donné cinq ans aux compagnies pétrolières pour faire cesser le trouble. C’était il y a presque quarante ans, en 1969… Et puis, à la demande des chercheurs d’or noir, le délai a été repoussé d’année en année… Et chaque année, ce sont encore 25 milliards de mètres cubes de gaz qui partent en fumée. A deux cents euros le mille, ça fait pas loin de 5 milliards d’euros de perdus…
Selon la Banque Mondiale, pas moins de 150 à 170 milliards de mètres cubes de gaz sont torchés chaque année. C’est quatre fois la consommation française de gaz de ville! Les seuls gaz torchés en Afrique (Nigeria, Angola, Algérie, Guinée équatoriale, Libye, Gabon, Congo) représentent la moitié de la consommation d’énergie du continent. La Banque Mondiale s’est rapprochée de nombreux pays exploitants et de compagnies pétrolières, au sein du Partenariat public-privé pour la réduction mondiale des gaz torchés. Mais les progrès sont lents. Et la Russie, le plus gros brûleur à ciel ouvert n’en fait pas partie.
Au Pays de Poutine, on ment d’ailleurs effrontément: en 2004, le pays aurait brûlé 50 milliards de mètres cubes de gaz —d’après l’analyse des images satellites— alors qu’il n’en déclarait que quatorze…
Un sujet sur le torchage par CBC.
• Pour en savoir plus. Le site consacré au torchage de l’Administration américaine de l’océan et de l’atmosphère (NOAA). Et notamment une vidéo dans Google Earth qui montre les principaux sites dans le monde.