OGM et bio, l’impossible coexistence des maïs

Vous n’aimez pas le maïs bio, et bien tant mieux! Car la coexistence avec les OGM semble bien se faire au détriment des cultures organiques. C’est ce que démontre Rosa Binimelis, chercheuse à l’Université autonome de Barcelone, dans le cadre du projet de recherche européen ALARM sur la biodiversité. La coexistence entre cultures traditionnelles et transgéniques semble bien un rêve.

Publiés dans le Journal of Agricultural and Environmental Ethics, les travaux de Binimelis ont tenté d’évaluer l’impact des cultures commerciales de maïs BT dans deux régions: l’Aragon et la Catalogne. L’Espagne est en effet le seul pays d’Europe où le maïs OGM s’est développé commercialement, depuis 1998. En 2006, les OGM représentaient déjà 55% des cultures de maïs en Catalogne, et 42% en Aragon.

Rosa Binimelis a conduit une étude par le biais d’entretiens approfondis avec 22 agriculteurs et 29 représentants de la vie politique, scientifiques et membres d’ONG. Elle a aussi étudié l’organisation de la chaîne de production, qui repose sur des coopératives agricoles. Il ressort que, pour des raisons économiques, les mêmes silos sont employés pour stocker les grains bio et transgéniques.

Mais le plus inquiétant, c’est que la culture bio de maïs recule devant l’avancée des OGM. Depuis 2004, elle a reculé de 75% en Aragon entre 2004 et 2007. En Catalogne, parce que la scientifique n’a pu se procurer des données récentes, le recul observé n’est que de 5%, entre 2002 et 2005, au début du développement du maïs OGM. Il est probablement nettement plus élevé aujourd’hui.

Rosa Binimelis a recoupé ses résultats en consultant les organismes certificateurs du bio, qui confirment le net recul du maïs organique. Elle constate aussi que les agriculteurs dont les champs bio sont contaminés réclament rarement des compensations. Un fatalisme qui s’explique par la difficulté à démontrer le niveau de contamination, son origine et aussi la volonté de ne pas provoquer de guerres fratricides dans les petits villages agricoles.

Alors, toujours envie de voir les OGM se développer?

Un commentaire

  1. Vu la difficulté à trouver les sources de contamination (parfois à cause de cultures OGM non déclarées), les indemnisations ne seront efficaces que si elles impliquent les société qui commercialisent les semences incriminées. Si l’agriculteur « pollueur » est identifié, on répartit l’indemnisation 50/50 entre Monsanto et lui. S’il ne l’est pas, c’est 100% pour Monsanto.

    Je sais, c’est beau de rêver, mais les sociétés qui commercialisent les OGM sont les premières responsables de leur dissémination. Il serait normal qu’elles contribuent à réparer les pots cassés.

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