Circulez il n’y a rien à voir. Je reçois un mail tôt ce matin du Kenya Tourist Board, indiquant un retour progressif à la normale. Ailleurs, les dépêches se multiplient, qui décrivent les horreurs commises dans le pays après les la réélection contestée du président Kibaki. Plus de deux cent cinquante personnes tuées, dont une cinquantaine dans une église-refuge incendiée… La presse raconte aussi combien, dans certains quartiers de Nairobi, il est difficile de trouver à manger, les commerces ayant été barricadés pour éviter les pillages…
Mais apparemment, cela s’appelle, aux yeux de responsables touristiques, un «retour progressif au calme». Le communiqué reçu ce matin s’étonne que le ministère français des affaires étrangères n’ait pas mis à jour son site de conseils aux voyageurs le premier janvier…
On se réjouit du fait qu’aucun touriste n’ait été pris au milieu des troubles qui agitent le Kenya. Mais on aimerait aussi se réjouir qu’aucun Kenyan n’ait payé de sa vie une élection présidentielle. Et on apprécierait que les businessmen du tourisme aient un peu de décence et de respect pour autre chose que pour leur activité.
Au contraire, si au moins quelques touristes étaient pris dans ce maelström, ça obligerait les pays occidentaux à réagir et à s’impliquer. Tandis que là, tout le monde s’en fout. Mon hypothèse, c’est que cette grave crise politique trouve ses fondements dans la dégradation de l’environnement, comme au Zimbabwe.
Tout le monde s’en fout ? Au contraire, et pour une fois, la crise au Kenya est étonnamment présente dans les medias, il ne faut pas se faire d’illusion, la période des fêtes est plutôt calme sur le front de l’actu, ce qui laisse un peu de place à des évènements lointains… Plus inquiétant, on parle déjà de violences interethniques, et c’est devenu le cas, mais à l’origine du conflit, ce sont bien des manipulations électorales et la fraude orchestrée par des dirigeants politiques sans scrupules.
J’entends déjà les commentaires, de comptoir je vous l’accorde, mais quand même, ces africains, de toute façon, tous des sauvages…
Rares sont ceux qui s’interrogent sur le déficit démocratique de ces pays où les dirigeants n’ont aucun intérêt à ce que la vie politique s’organise autour des idées, ils basent leur pouvoir sur leur clan et la défense de ses intérêts, quitte à envoyer leurs troupes au casse-pipe en cas de contestation de l’opposition.
Quant au poids de l’environnement dans la crise, j’avoue mon incompétence mais pour tout ce qui concerne l’Afrique, IL FAUT LIRE Kapuscinski, le journaliste polonais récemment décédé qui a passé sa vie sur le continent et qui livrait dans « Ebène » une analyse lumineuse sur le génocide au Rwanda, pour lui, c’est la géographie du pays qui expliquait la crise…
Pour Jared Diamond, c’est la surpopulation et la crise écologique qui explique le génocide du Rwanda : ça vaut bien Kapuscinski, non ? 😉
Surpopulation aussi et donc pas assez de terres à se partager pour K !!!
Est-on vraiment surpris par le cynisme des bussinessmen du tourisme ?
Les voyages en Mauritanie sont également annulés par craintes de tensions à cause du passage prochain de nos amis du Paris-Dakar.
L’Afrique, ses couchers de soleil, son sable, ses paysages à couper le souffle…. Qu’ils s’entretuent si ils veulent mais au moins qu’ils ne nous dérangent pas pour qu’on s’amuse tranquillement ou qu’on y fasse des affaires…