Peut-être Al Gore, et ses associés dans la quête de business vert, devraient s’intéresser à la question. Je vous en avais déjà parlé, mais la firme Planktos va bel et bien semer de la poussière de fer, au large des Galapagos, pour tenter de démontrer que le dopage du plancton peut accroître la pompe à carbone océanique. Le navire est en route.
La mission du Weatherbird II, le navire affrêté depuis Miami par Planktos, reste secrète. Car les allumés de la protection de la nature ont déjà prévenu qu’ils feront tout pour empêcher l’expérience. Et quand on connaît les méthodes de Paul Watson, de la Sea Shepherd Conservation Society, qui n’a pas hésité à aller à l’abordage de navires-usines de la flotte japonaise de chasse à la baleine, il y a de quoi prendre la menace à la légère. Il croise d’ailleurs non loin des Galapagos, prêt à bondir.
Mais les motivations de Planktos sont tout sauf désintéressées: l’entreprise qui tente plus de séduire des investisseurs potentiels que de freiner le radiateur planétaire, vise le juteux marché des crédits de carbone. Si elle parvient à faire croire qu’elle a pompé un million de tonnes de CO2 en dopant le plancton (1), elle pourra aller revendre des droits à polluer pour plusieurs millions de dollars… Chez les scientifiques, on regarde cette histoire avec méfiance, faute d’avoir assez de recul sur les expériences d’ensemencement. Tout en se félicitant des déclarations récentes de l’Organisation maritime internationale, qui recommande la prudence dans les expérimentations océaniques, Plankton espère disperser de la limaille sur plus de 4000 kilomètres carrés de Pacifique, et tout cela à moins de trois cent kilomètres du réservoir de biodiversité des Galapagos.
Pour éviter que tous les margoulins ne se jettent sur cet idée de feraille océanique (qui selon des travaux récents est du pipeau), il serait peut-être judicieux de réglementer un peu plus le marché du carbone. Et refuser à l’avenir tout carbone évité par des méthodes si peu scientifiques.
Image. Le plancton dans le Pacifique vu du ciel. ©Nasa
(1) Les squelettes de planctons morts, qui stockent le carbone pompé dans l’atmosphère, coulent au fond de l’océan.
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