orloo existe! Si, si. Comme notre vénérable ministre de la planète s’ennuyait dans son bureau de super-ministre du développement durable, il est allé dépenser 65 tonnes de gaz carbonique pour vérifier que la glace fond au Groenland. Tout ça pour quoi? Pour constater ce que les observations scientifiques rabâchent à longueur de temps: la Terre se réchauffe, et plus vite que le prévoient les modèles.
Bien évidemment, la question des gaz à effet de serre de l’Airbus qu’il a affrété lui a été posée, raconte l’AFP. Il a rétorqué, un brin agacé: «Alors qu’est-ce qu’on fait? On ne bouge plus? Chaque fois que je sors de mon bureau, j’apprend quelque chose.» Et comme il a bien appris sa leçon dans l’avion, il a récité plein de nouveaux mots. Le ministre a parlé du vêlage, a souligné qu’on trouvait dans les glaces du nord de la pollution venue d’ailleurs, signe qu’il avait été briefé sur ce que rapportait dimanche cette dépêche de Reuters. Les écologistes de Sortir du nucléaire, un brin acides, lui ont proposé de se rendre ensuite à Tchernobyl… Les Verts ont choisi l’économie de gaz carbonique en proposant à Borloo de se rendre chez Anne-Marie Idrac, la patronne de la SNCF qui vient d’annoncer la fermeture de 262 gares de ferroutage…
Comme le soulignait aujourd’hui Adrien Saumier sur le blog Ecopolit, le glacier Kangerlua est le dernier lieu à la mode: les phoques ont ainsi pu rencontrer Angela Merkel, notre commissaire européen en chef José Manuel Barroso ou encore la patronne des élus démocrates au congrès américain Nancy Pelosi. Mais bon, on ne lui en veut pas à Borloo, il faut bien qu’il existe (on notera qu’il a compensé son CO2, même si le meilleur moyen de sauver la planète est encore d’éviter d’en émettre). Il y a si peu d’air pour lui à Paris avec l’omniprésence sarkozyenne qu’un bol d’air réchauffé du Groenland ne pouvait que lui faire du bien.
D’ailleurs Sarkozy a bien tenté de lui couper la glace sous le pied. Pendant que Borloo se gelait pas loin du cercle Arctique, son agité de patron est allé — à Berlin— se moquer de la politique énergétique allemande, et expliquer a ses hôtes que le nucléaire est l’énergie du futur. Même l’Agence internationale de l’énergie n’y croit pas, mais personne n’a dû l’expliquer au Président. D’ailleurs, à lire ses propos, on a bien l’impression que Nicolas Sarkozy a pris la machine à remonter le temps. On aurait cru un discours de Marcel Boiteux, le patron-nucléocrate d’EDF dans les années soixante-dix, qui méprisait les énergies renouvelables…
Bon, puisque Borloo a décidé d’apprendre, je me permettrais de lui conseiller de se faire briefer sur quelques termes comme le pergélisol (les sols qui restent -ou plutôt restaient— gelés d’une année sur l’autre) ou l’«effet boule de neige»: plus la glace fond, plus les régions polaires deviennent des radiateurs qu fondent les glaces. Ou dans une langue plus intelligible au vulgum ministerus: moins les gouvernants agissent, moins on évitera les catastrophes.