En voilà une bonne nouvelle! Pour ne pas arriver les mains vides au Grenelle de l’environnement, les transporteurs routiers ont mis sur la table lundi une série de propositions vraiment concrètes. Un long document rendu public par la Fédération national des transporteurs routiers propose pas moins de réduire à 80 km/h la vitesse maximale des camions, et d’interdire le dépassement aux poids-lourds sur autoroute. Elle demande aussi l’instauration d’un passage en flux libre aux barrières de péage.
Selon la FNTR, réduire la vitesse de 10 km/h éviterait entre 1,3 et 2 millions de tonnes de gaz carbonique. De plus, en évitant les arrêts aux péages (169 millions de passages par an), s’ajouterait une économie de 1,3 millions de tonnes de CO2. Il faut trois litres de gazole pour relancer chaque camion arrêté… Au passage, les routiers proposent de redévelopper le transport combiné rail-route, en perte de vitesse en France depuis de nombreuses années.
En contrepartie, la FNTR demande l’augmentation de la taille des poids-lourds en généralisant les 44 tonnes qui sont aujourd’hui très encadrés. Elle estime que ces «mastocs» permettraient d’éviter trois cent mille tonnes de CO2 de plus. (Faut voir les effets secondaires de cette obésité des véhicules…)
On imagine mal ces propositions écartées par notre super-ministre de l’environnement Borloo. Mais il risque d’être plus réticent à ce que proposent les écologistes, requinqués par la lecture des idées avancées par les routiers. Chiche, disent-ils, et profitons-en pour appliquer cette baisse de vitesse à toutes les voitures: ramener le maximum sur autoroute à 120 km/h, c’est encore 2 millions de tonnes de CO2 de gagnées, et des vies humaines.
Bien évidemment, les associations d’automobilistes protesteront. Certaines l’ont d’ailleurs fait par avance. En me baladant sur la Toile, j’ai ainsi déniché une lettre croquignolesque de l’association «40 millions d’automobilistes» adressée à notre fantôme de Premier ministre François Fillon en juillet dernier, avant le Grenelle de l’environnement. S’appuyant notamment sur le mythe de la voiture propre, le président de «40 millions», René Queffelec, en appelle à la conception qu’a le gouvernement «du rôle de la famille et de la liberté individuelle». Son organisation avait publiquement demandé une amnistie présidentielle pour les retraits de points liés aux «petits dépassements de vitesse».
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