h, la bonne blague. Le coup joué par le Guardian le 13 août à l’encontre du gouvernement britannique est formidable. Le document interne révélé est une petite merveille du genre. Ou comment essayer de trafiquer les chiffres quand on sait que l’objectif de 20% d’énergie renouvelable en 2020 n’a aucune chance d’être tenu. Dans le meilleur des cas, la Grande-Bretagne franchirait à peine les 9%.
Il y avait le traitement statistique du chômage, il faudra compter avec le traitement statistique des statistiques de l’énergie. Pour ceux qui lisent l’anglais, ça vaut le coup de lire la vingtaine de pages du document mis en ligne par le Guardian. On y découvre plein de scénarios pour tenter d’infléchir la position de l’Union Européenne sur l’objectif de 20% qu’elle s’est fixé. Par exemple en considérant l’objectif comme global, et non plus pays par pays. Mais le problème dans ce cas, souligne le rapport, c’est que c’est difficile de faire moins que les autres quand on est l’une des cinq économies qui pèsent vraiment en terme de CO2 dans l’UE. Et qu’il faudrait arriver à convaincre l’Allemagne, championne toutes catégories de l’énergie renouvelable. Pas simple.
Forcer sur les agrocarburants? Impossible: à 2,5% de la consommation d’essence, cela utiliserait déjà toutes les terres arables disponibles et pour faire mieux, il deviendrait nécessaire de réduire la production alimentaire.
Alors, nos amis du gouvernement britannique envisagent toute une batterie de solutions plus économiques: aller produire de l’énergie verte dans les pays pauvres, où ce serait moins cher, incorporer le nucléaire dans le bilan des énergies renouvelables. Pas simple d’être vertueux… D’ailleurs, aujourd’hui, le même Guardian publie un sondage qui montre que les anglais n’ont pas l’impression de contribuer au réchauffement climatique et qu’il serait trop difficile pour eux de changer leur mode de vie.
On pourrait rire de cette nouvelle stratégie britannique. Mais c’est beaucoup moins drôle si l’on considère ce qui se passe ailleurs. N’y aurait-il pas, dans quelque ministère français (au hasard, l’industrie) une poignée de haut-fonctionnaires qui préparent une note confidentielle pour le Président sur le traitement statistique des chiffres de l’énergie? Je prends le pari.