Je pisse donc je mange, donc je pisse, donc je mange, etc.

© Tomates de Pas-de-Calais © Denis Delbecq
© Tomates de Pas-de-Calais © Denis Delbecq

Âmes sensibles s’abstenir. Je suis tombé par hasard sur une «vieille» publication (août 2009) sur les bienfaits de l’urine en matière d’agriculture. Et c’est édifiant. Des chercheurs basés en Finlande confirment une vieille intuition: l’urine peut être un formidable intrant pour l’agriculture.

Notre trio de scientifiques, qui publient leurs travaux dans le très sérieux Journal of Agricultural and food chemistry, racontent comment ils ont comparé plusieurs méthodes de fertilisation de plants de tomates: intrants minéraux, urine combinée à de la cendre de bois, urine seule et, comme témoin, une parcelle sans aucun apport. Le verdict? La combinaison de pipi humain et de cendres fait aussi bien que les engrais industriels, et quatre fois mieux —en terme de rendement— qu’une culture sans apports d’engrais.

Qu’on se rassure, les tomates nourries à la pisse d’homo erectus ne contenaient —je ne suis pas allé vérifier, mais ils l’affirment— pas de bactérie. Ces tomates affichaient un taux de ß-carotene plus élevé que la tomate engraissée à la chimie, moins de sucre, plus d’ions chlorure. Quand au lycopène, il se moque visiblement de la technique (ou de l’absence de technique) de fertilisation. Nos chercheurs de rappeler que ce type d’expérience à déjà démontré l’intérêt de l’urine humaine sur le concombre, le maïs, le chou et le blé…

C’est décidé. L’an prochain, sur mes terres du grand Nord (de la France), j’irai de temps à autre me soulager en regardant la mer. Parce que cette année, sécheresse oblige (eh oui, le Pas-de-Calais n’a pas beaucoup vu la pluie cet été, j’ai eu du mal à tester le fonctionnement de mon installation de récupération d’eau de pluie pour le potager), mes tomates n’ont pas franchement battu de records de rendement. Il va falloir que j’explique ça à mon petit dernier, qui se fera un plaisir de participer à cette nouvelle étude. Car ici, dans ces colonnes, on paie de sa personne pour prouver ce qui peut être bon pour la planète!

9 commentaires

  1. Bonjour,
    Il me semble que le recyclage des excréments humains était interdit, pour la simple raison qu’on recycle aussi toutes les cochonneries qu’on aurait pu avaler (pesticides, colorants, COV, dioxines).
    Et que le compostage des déchets ménagers est très contrôlé pour la même raison.
    Sinon, les bienfaits, et l’absence de bactéries, de l’urine sont des éléments connus. Il y a vingt ans, un dermatologue (donc pas un allopathe) avait prescrit à mon cousin de se pisser sur les mains afin de traiter son eczéma.

  2. Avec cette chercheuse (ça se dit?) qui fabrique de l’hydrogène avec de l’urine, la côte du pipi humain va grimper en flèche! A quand l’impôt couche-culotte?

  3. Les bienfaits de l’urine une grande découverte? Rien d’étonnant à cela, l’apport d’excréments (et de cendre) boucle le cycle des éléments pour l’azote et d’autres nutriments minéraux et compense, tout comme les engrais chimiques, l’épuisement des sols par prélèvement de la biomasse et lessivage. Le plus étonnant est qu’on l’oublie et le néglige. D’où l’intérêt qu’à nouveau des travaux sérieux y soient consacrées et publiés dans des revues renommées.
    Toutes les plantes ne supportent pas un apport direct d’urine, d’autres en raffolent comme l’ortie et l’oseille, abondantes autour des habitations et des étables et dans les lieux fréquentés par le bétail. Faire du puri, interdit lui aussi comme les excréments humains, ou du compost d’ortie, permet d’apporter ces éléments aux autres plantes, et le bon jardinier n’hésite pas à leur abandonner un coin de son jardin qu’il arrosera en conséquence avec ses amis. Ils peuvent aussi bien pisser (avec modération) sur le tas de compost, l’urine ne présentant pas les mêmes risques de contamination que les matières fécales. On préfère pour cette raison le fumier d’herbivore, réservant les crottes de chiens aux rosiers et autres parterres d’ornement, bien que l’on n’hésite pas à épandre du lisier de cochon, en toute légalité, alors que l’animal partage avec nous un régime omnivore et pas mal de pathogènes, ce qui n’est pas sans risque (à propos le porc n’attrape plus la grippe qu’il nous a transmise?). D’autres cultures ont développé cependant l’utilisation des engrais humains, dans des agrosystèmes semi-aquatiques, comme les rizières d’asie, qui plus est, sans encourir de catastrophes sanitaires. L’occident n’a rien ignorer de ces pratiques et avec la vogue des toilettes sèches on y revient…
    Quant aux anciennes utilisations industrielles de l’urine (fabrication de lessive dans l’antiquité, de salpêtre pour la poudre à canon à l’époque moderne), se rappeler aussi le rôle de l’urée en chimie…

  4. L’urée est aussi utilisée dans les transports routiers en tant qu’additif pour les camions (principe Ad-Blue). Injectée au gasoil, elle réduit les NOx précuseurs de l ozone urbain !

  5. Cela peut être utile. Même aujourd’hui la plupart des gens ne sont pas conscients du fait que l’urine peut être un instrument utile d’un ou d’une certaine manière ils ont peur de l’utiliser. Je pense que cela peut aider à changer leur état d’esprit.

  6. L’article de 2009, donc vous avez pu tester ? Si vous avez le lien dans votre site, je vous remercie de m’indiquer le chemin 😉

  7. l’urine diluée associée à la cendre de bois : une pure merveille pour vos récoltes de
    Tomates, choux vert choux fleurs, aubergines, courgette, carotte , navet. Aucun risque de contamination puisque l’urine est stérile.
    Le dosage de l’urine 15 cl pour un litre d’eau.
    épandre une fine couche de cendre ( qui vous servira également d’anti- limaces), puis verser votre préparation sur vos plants de légumes 2 fois par mois.

  8. Ca marche très bien sans cendre, j’ai pratiqué. Ca s’xplique facilement: l’azote, le phosphore et le potassium que nous rejetons l’est en grande majorité par l’urine, non par le féces. Le fumier est fertilisant surement car c’est un mélange des deux. En revanche, variez les dosages d’un ( groupe de ) pied à l’autre, mais on arrive vite à de quoi bruler la plante, j’ai pratiqué aussi ;-). Le maximum me semble avoisiner 1/2 l / m2 sur l’ensemble de la période de croissance (après: inutile, surement nocif).

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.