Un granulé de combustible dans les réacteurs de Fukushima

Départ de feu dans une installation liée au réacteur 4, le 12 avril 2011. Incendie rapidement éteint. © Tepco
Départ de feu dans une installation liée au réacteur 4, le 12 avril 2011. Incendie rapidement éteint. © Tepco

De l’art de raisonner avec un bandeau sur les yeux. Les experts en sécurité nucléaire de l’Atomic Energy Society of Japan (AESJ) ont rendu publique vendredi leur analyse de l’état des réacteurs 1 à 3, accidentés depuis le séisme et le tsunami du 11 mars dernier. Selon eux, il y aurait bien des «grains» de combustible au fond de la cuve des trois réacteurs, provenant d’une fusion partielle des crayons de combustible. Des grains d’une taille comprise entre quelques millimètres et un centimètre, accumulés en faible quantité, insuffisante —selon les experts de l’AESJ— pour provoquer un accident de criticité (le retour à une réaction de fission nucléaire spontanée et incontrôlable).

Pourquoi ces grains? L’analyse des experts repose sur le fait que si le niveau d’eau a baissé, mettant les crayons de combustible à l’air libre (on appelle ça le dénoyage du cœur), il restait encore beaucoup d’eau dans la partie inférieure des réacteurs 1 à 3. Le combustible a fondu lentement, avant que les gouttes ne tombent dans l’eau. Le refroidissement brutal aurait formé les grains, qui se sont accumulés au fond de la cuve. Pour le comité d’experts de l’AESJ, il faudra au moins deux ou trois mois pour stabiliser les combustibles dans les réacteurs 1 à 3.

Il reste que la radioactivité de l’eau retrouvée dans les sous-sols de la centrale grimpe de manière intrigante, selon les données de Tepco relayées vendredi par NHK: dans un puisard lié au réacteur numéro 1, l’activité radiologique en iode 131 a été multipliée par 6 depuis une semaine, quand celle du césium graimpait d’un facteur 38… Sous le réacteur 2, la radioactivité de l’eau a grimpé d’un facteur 17 pour l’iode, et 8 pour le césium… Aucune explication n’a été avancée. Tepco a pompé 660 tonnes de cette eau pour les stocker provisoirement dans un bassin placé sous le réacteur 2, mais il semble que le niveau de l’eau ne baisse pas en conséquence, signe que de l’eau injectée par les liquidateurs pour refroidir le réacteur s’échappe quelque part. Selon Tepco, il y a environ 60000 tonnes d’eau hautement radioactive à retirer des sous-sols des réacteurs 1 à 3.

Jeudi, l’industriel a confirmé que des crayons de combustible usagé qui étaient stockés dans la piscine de refroidissement du bâtiment-réacteur 4 ont bien été endommagés. Une analyse d’eau prélevée dans cette piscine a montré un niveau de radioactivité évalué à 100 000 fois la normale, notamment en césium 137 (93000 Bq/litre) et en Iode 131 (220000 Bq/litre). La dégradation d’une partie des crayons de combustible a pu se produire en raison de la baisse du niveau d’eau dans la piscine et/ou par la chutes de barres d’aciers et de gravats liées à l’explosion du bâtiment.

16 commentaires

  1. Denis,

    Il me semble que les crayons dans la piscine du 4 étaient neufs, pas usagés (donc qui dégagent un peu plus de chaleur).
    J’ai vu passer des traces sur Internet comme quoi au moins un des réacteurs aurait atteint (il y a plusieurs jours déjà) son niveau de criticité (présence des isotopes spécifiques de chlore, rayon de neutrons, …).
    « On nous cache tout, on nous dit rien » (ou pas assez) comme le disait la chanson.

    1. Author

      Non, je viens de vérifier. Il s’agit bien de combustible usagé pour l’essentiel. A ce jour, je n’ai vu passer aucune information fiable sur des signes de criticité, et notamment sur ces fameux neutrons soi-disant observés loin de la centrale (et pas près des sources possibles de neutrons)

  2. L’iode 131 étant formée très rapidement à partir d’un produit de fission, il n’y a plus création d’iode 131 à partir du moment où la fission s’est arrêtée, c’est-à-dire immédiatement après l’accident. Il s’agit donc d’un stock dont la quantité est divisée par deux tous les 8 jours environ. Il n’en reste donc déjà plus que 15% environ. L’iode étant très soluble dans l’eau a été piégée par l’eau déversée en permanence sur les réacteurs, ce qui lui a évité d’être relâchée dans l’atmosphère. Si TEPCO arrive à empêcher cette eau d’aller à la mer et à la stocker, il n’y aura pratiquement plus d’iode 131 d’ici deux mois sur le site e la centrale, ni nulle part ailleurs!
    Pour le césium 137, produit de fission, il ne s’en crée plus non plus. Mais sa demie-vie étant de 30 ans, son piégeage sur le site est une bonne nouvelle. il faudra probablement évaporer cette eau pour en faire un résidu solide stockable sous un petit volume.
    En définitive, il semble bien que l’essentiel de la radioactivité soit resté sur le site de la centrale. Ce qui est parti à la mer va se retrouver extrêmement dilué. Autour de la centrale, dans la zone d’exclusion, les doses sont faibles et en décroissance rapide. Idem pour les quelques points chauds hors de la zone d’exclusion.
    Contrairement au cas de Tchernobyl, où la fission ne s’était pas arrêtée et où il y avait eu explosion du réacteur , incendie de graphite,et donc projection d’éléments radioactifs à très grande hauteur, la contamination semble donc ici être restée très limitée en dehors du site de la centrale Contrairement au cas de Tchernobyl également, il sera impossible de faire indéfiniment du Grand Guignol, car aussi bien la mesure des doses reçues que le suivi médical seront faits bien plus rigoureusement, et par comparaison avec des registres médicaux honnêtement tenus depuis longtemps. Ce qui permettra de dégonfler une fois pour toutes la baudruche des dangers des faibles doses de radioactivité. On ne pourra malheureusement jamais empêcher les antinucléaires militants et les journalistes à sensation de gagner leur pain, ni Mycle Schneider de déambuler devant les caméras en tenue de druide. Après tout, on célèbre encore chaque année la bête du Gévaudan du côté de Marvejols.
    Et bien sûr, tout ce cirque va contribuer à créer une angoisse non fondée, et donc infiniment plus de dégâts que la réalité.

    1. «  » » »Ce qui permettra de dégonfler une fois pour toutes la baudruche des dangers des faibles doses de radioactivité. » » » »

      Pure spéculation. Ensuite persiste le problème de la contamination.

    2. Et n’oublions pas que la situation à Fukushima est loin d’être sous contrôle et que nul ne peut prédire l’avenir….

      1. En tout cas, on peut déjà prédire qu’il y a et il y aura ZERO mort ou irradiation d’un quelconque effet sur la santé dans la population civile.
        On peut aussi prédire que Robert sera sacrément déçu de ne trouver aucun irradié sanguinolent à montrer.
        On peut aussi prédire qu’il ne va jamais avouer qu’il a fait des prédictions catastrophistes toutes pourries, qu’il a été super crédule et qu’il a gobé toutes les foutaises de la propagande anti-nucléaire.

      2. En tout cas les nouvelles ne sont pas excellentes

        http://english.kyodonews.jp/news/2011/04/86170.html.

        Et Fukushima a fait son premier mort, un vieux monsieur qui ne voulait pas quitter sa maisonj située dans la zone d’évacuation a préféré se suicider. Le trollissime n’a encore pas compris qu’un désastre humain ne se calcule pas seulement au nombre de morts. J’aimerais qu’il aille expliquer sur place à ceux qui ne peuvent plus rentrer chez eux qui ne peuvent plus travailler (et qui n’ont donc rien pour vivre) que ce n’est pas grave.

        Bon je sais bien qu’espérer que ce genre d’engeance puisse comprendre quelque chose est vain, mais sait’on jamais ?

  3. Au sujet d’experts, une vidéo très parlante d’un expert américain Robert Gale qui est allé conseiller le gouvernement japonais à Fukushima, et a visité la zone d’évacuation sans aucune protection, même pas de masque, parce qu’il sait parfaitement que les niveaux de radioactivités sont sans danger :
    http://abcnews.go.com/GMA/vide…..onhttp://abcnews.go.com/GMA/video/japan-nuke-crisis-american-dead-zone-13254192?tab=9482931&section=1206828=1206828

    C’est un médecin spécialiste du cancer des os et de la leucémie, avec plus de 800 publis sur le cancer et les radiations, marathonien et père de 6 enfants, donc question de prendre soin de sa santé, ce n’est pas un kamikaze qui vient parader à Fukushima pour faire la propagande du lobby nucléaire. Pas étonnant que nos merdias ne vont pas interviewer un tel salaud de nucléocrate.

    C’est vrai qu’il ne fait pas le poids à côté de nos super journalistes d’investigation genre Alain de Chalvron (qui s’est planqué dès les premiers jours à 500km de la centrale, à Osaka pour faire des reportages larmoyants sur “l’apocalypse nucléaire”) ou nos experts de la modélisation à l’IRSN, vissés devant leur ordinateurs pour nous prédire la date d’arrivée du nuage radioactif… en France.

    1. Version Dr Robert Gale :
      ROBERT GALE: Well, I think the problem now is radio iodine. There is caesium being released but that is a much less of an issue so I would be reasonably optimistic at this moment that most of the area around these nuclear power stations could be reinhabited, you know, people could return to a normal life of growing food and things of that nature but containing this thing and getting it under control is not going to be a matter of weeks or even months. This is a long-term project that could take a year or two or perhaps even more.
      ROBERT GALE: You know, radioactivity getting anywhere is a concern so I don’t want to in any way downplay it but if we have to have a radioactive release, the best place for it is in the sea because it is immediately diluted out and that offers the greatest protection to the population.

      A noter que depuis l’interview, il s’est passé 3 semaines et la radioactivité n’a cessé de baisser à Fukushima. Et toujours pas un seul irradié sanguinolent à montrer.
      Mais ça n’empêche pas Robert, l’expert nucléophobe de service de colporter sa version : des millions de gens vont mourir dans d’atrocccces souffrances et des régions entières sont irradiées et condamnées à tout jamaaaaais.

      1. «  » » » il s’est passé 3 semaines et la radioactivité n’a cessé de baisser à Fukushima. » » » »

        Ah bon ? des preuves à fournir ? D’autre part on constatera que le trollissime dans sa malhonnêteté habituelle a extrait de cette interview le petit morceau qui l’intéressait et qui sorti de son contexte ne veut plus dire grand-chose. Pourquoi ne cite t’il pas cette phrase : »If the emissions were stopped today, all of the radioactive iodine would be gone in about 80 days, if that is the problem then about three months from now the problem would be over but when we are dealing with caesium which is also released from nuclear reactors, we are talking about needing 300 years for that all to go away. » ?

      2. au trollissime

        «  » » »Mais ça n’empêche pas Robert, l’expert nucléophobe de service de colporter sa version : des millions de gens vont mourir dans d’atrocccces souffrances et des régions entières sont irradiées et condamnées à tout jamaaaaais. » » » »

        Montrez moi où j’ai dit ça espèce de menteur.

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