Un peu de silence, on vivra plus longtemps

Dans le métro de Londres © DDq
Dans le métro de Londres © DDq

Une étude conjointe de l’Organisation mondiale de la santé et de la Commission européenne pointe l’impact sanitaire du bruit sur la santé des européens. Et c’est spectaculaire: le bruit ferait perdre chaque année 1 millions d’années de vie corrigées de l’incapacité (AVCI) à la population de l’UE. C’est la seconde cause environnementale en terme d’impact sanitaire, après la pollution de l’air (4,5 millions d’AVCI).

Une petite explication s’impose. L’AVCI (ou DALY en anglais), c’est une donnée épidémiologique qui cumule les années de vie perdues par un décès précoce (par rapport à l’espérance de vie) et les années d’incapacité. Un paramètre qui permet de connaître le nombre d’années de vie en bonne santé d’une population.

Au premier rang des effets sanitaires graves du bruit, selon l’OMS, on trouve les troubles cardiaques qui peuvent aller jusqu’à tuer: le bruit fait grimper la tension artérielle et stimuler la production de certaines hormones anti-stress qui, à force, peuvent provoquer des crises cardiaques. Au total, le bruit ferait perdre 61 000 AVCI (3000 années perdues pour cause de décès précoce et 58 000 années d’incapacité). Les troubles du sommeil représenteraient 903 000 AVCI, quand la gêne amputerait la qualité de vie des européens de 587 000 AVCI chaque année. S’ajoutent aussi les déficits d’apprentissage chez les enfants (45 000 AVCI) et les acouphènes (22 000 AVCI). Le total dépasse 1,6 millions d’AVCI, que les experts de l’OMS ont ramené à 1 million pour tenir compte des effets multiples du bruit (on peut avoir à la fois des acouphènes et subir une crise cardiaque).

Le verdict, c’est qu’il faut s’attaquer au bruit. New Scientist rappelait ce matin que l’UE a fixé une valeur cible de 40 décibels, à ne pas dépasser la nuit. Chez les derniers entrants dans l’UE, la limite reste fixée à 55 dB. La Commission espère en 2013 être en mesure de fixer une limite moyenne sur 24 heures, lors de la mise à jour de la Directive sur le bruit de 2002.

Comment faire pour réduire les souffrances liées au bruit? La première manière est évidemment de réduire le bruit à la source. Comme par exemple dans le métro: sur un quai, le niveau sonore peut atteindre 90dB, idem dans certaines rames quand les fenêtres sont ouvertes. Il y a aussi, les avions et la circulation automobile. Les cartes de bruit diffusées par la Mairie de Paris sont assez éloquentes. D’innombrables façades reçoivent ainsi plus de 68 dB de jour et 7% des parisiens étaient exposés, de jour, à 71 dB et plus en 2007. La même année, 4,5% des parisiens recevaient plus de 65 dB de nuit sur leurs façades. Et le problème est le même à Lyon, comme dans la plupart des grandes villes.

Depuis 2007, toutes les agglomérations de plus de 250 000 habitants en Europe doivent publier des cartes de bruit. Et comme les sources de bruit ne peuvent être éliminées, il reste les barrières: couverture d’artères automobiles ou de chemin de fer, murs anti-bruit. A domicile, c’est le double vitrage, qui n’aurait que des avantages si un dispositif permettait à tout le monde (notamment les propriétaires pauvres et les locataires) de changer leurs surfaces vitrées. Parce que le double-vitrage c’est moins de bruit, moins de gaspillage d’énergie, et c’est bon pour la planète et même pour notre indépendance énergétique!

17 commentaires

  1. Attention, le double vitrage n’est pas un moyen en soi d’éliminer le bruit. Une vitre simple de 10mm d’épaisseur est plus efficace contre le bruit (et moins chère) qu’un double vitrage de 2x5mm (même atténuation, mais le double vitrage symétrique est victime d’un effet de résonance qui le rend moins bon que la vitre simple).
    C’est donc l’épaisseur totale des vitres qui influe sur l’acoustique, et non le fait d’en avoir deux ou trois.
    En revanche pour des raisons thermiques il faut au moins du double vitrage. Si l’aspect acoustique est important, il faut donc faire attention à prendre un double vitrage efficace sur ce point : deux vitres d’épaisseurs différentes (pour éviter la résonance), épaisseur totale conséquente, et encore mieux, feuilletage acoustique spécifique sur une des vitres.

    1. C’est exactement ce que j’ai pensé dès la seconde phrase ! 🙂

      Bon, c’est vrai que le bruit, c’est pas franchement sympa à vivre… mais de là à nous faire mourir… faut vraiment que le bruit soit d’une puissance à faire éclater non seulement les tympans mais aussi nos neurones !

      De toute façon, le proverbe populaire nous le dit si bien…
      « Si le bruit nous réveille…
      Avec le silence… on dort ! » 😉

  2. On aimerait bien que le bruit soit un poisson d’avril. Mais toute personne vivant ailleurs qu’au milieu du désert en fait tous les jours le constat : il est là. Et pas souvent agréable…

    Pour ce qui est du double-vitrage, oui, c’est bien (avec les réserves qu’émet sans doute à juste titre, je ne saurais en juger, Glop75). Mais j’avoue être dubitatif sur ce mode de fonctionnement « fenêtres fermées en permanence ». OK, ouvrir sa fenêtre pour respirer la pollution automobile et être assourdi par les bruits de la ville n’est pas forcément génial. Mais, si l’on a la chance de pouvoir au moins en partie éviter ces désagréments, pouvoir ouvrir sa fenêtre, respirer un air « neuf » est quand même un véritable « plus ». Quant au côté énergétique, vivre « fenêtres fermées en permanence » ne peut s’envisager sans VMC, climatisation, air conditionné ou autre moyen électro-mécanique de faire circuler l’air (voire de le « traiter » ou de le réchauffer/refroidir) dont je me demande si la consommation électrique ne remplace pas, au moins en partie, celle des double-vitrages.

    Dernier point : il est intéressant de constater que ce sujet, pourtant fort important (le bruit est quand même une source de stress considérable – et les chiffres cités dans l’article sont édifiants), n’attire que si peu de commentaires. Dommage.

    1. « Dernier point : il est intéressant de constater que ce sujet, pourtant fort important (le bruit est quand même une source de stress considérable – et les chiffres cités dans l’article sont édifiants), n’attire que si peu de commentaires. Dommage. »
      Je n’ai qu’une chose à répondre à cela : « Vivre tue ». Si je me préoccupais de tout ce qui peut me tuer, je ne vivrais plus.

      1. @wen : donc vivre, c’est ne plus se préoccuper ?
        Ne pas se poser de question ?
        Profiter, consommer, fermer les yeux, se boucher les oreilles.
        La boucler ?

  3. @antylobby : Vous avez parfaitement raison, donc je me préoccupe tellement de rien que je suis en train de vous répondre. La nuance vous connaissez ? Peut etre pas…

    1. Il est vrai que « vivre tue » est un modèle de nuance, je dirais même le mètre-étalon de la nuance, on devrait le mettre à Sèvres.

      1. Un de mes professeurs avait l’habitude de dire :  » chaque heure blesse, la dernière tue…. ».

      2. @BrunoF : Non, ce n’est pas un modèle de nuance, ça s’appelle un sarcasme.

      3. Je sais. Mais le sarcasme ne se maîtrise pas sans un certain talent.
        Ca ne s’achète pas.

      4. Je suis resté un instant muet devant cette dernière phrase. Que dire à part, bravo pour cette démonstration de « talent ». La modestie est un art que vous devez avoir du mal à maitriser, bouffi d’orgueil que vous êtes.

      5. Apparamment, savoir lire un texte aussi, ne se maîtrise pas facilement…
        Brisons là.

  4. Vivement la voiture électrique
    De passage à Paris, j’ai constaté le bruit, très éprouvant pour le semi-rural que je suis devenu, le long des grands axes de circulation, la pollution atmosphérique et la dégradation des façades. Quel est le bilan humain de tout cela? A quand la voiture électrique, qui règlera ces problèmes.
    Quant à l’AVCI, son inconvénient est d’aboutir à de très grands nombres. Il vaudrait mieux utiliser la réduction de l’espérance de vie. Celle due à la pollution atmosphérique serait (à vérifier) de 0,7 an en Europe. Evidemment, c’est une moyenne, et l’espérance de vie des gens qui vivent près des grandes sources de pollution, au centre des grandes villes ou près des centrales à charbon allemandes est plus réduite. Si l’on encroit l’ACVI du bruit cité dans ce post, la diminution de l’espérance de vie serait de l’ordre de deux mois, mais bien plus là où il existe un excès de bruit permanent (grands axes routiers, aéroports).

    1. « A quand la voiture électrique, qui règlera ces problèmes. »

      Avec son lot de centrales (nuke) supplémentaires ? Je pense que la réponse est jamais. Attendons simplement que celle-ci (thermique) meurt tout doucement. Après on pourra commencer à discuter avec ses voisins.

      1. Mais non, avec son lot de centrales à charbon supplémentaires!

      2. Pareil !!!!!!!! Je disais nuke car c’est plus (+) la mode en France. Arrêtez la fixette !

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