2011, fin de la crise écologique?

Manifestation contre la loi sur les retraites
Manifestation contre la loi sur les retraites

A la lecture de quelques dépêches ce matin, quelques signes laissent penser que la crise économique qui s’est abattue sur la planète en 2008 ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir. Pour certains, du moins, car j’en connais plus d’un qui continue à morfler.

Après les prévisions de hausse de la consommation mondiale de pétrole attendue en 2011 (qui s’ajoute à celle observée en 2010), ce sont les compagnies aériennes qui se frottent les mains. Le trafic aérien a en effet repris sa croissance en 2010, pour retrouver une hausse annuelle de 5-6%, et un nombre de passagers supérieur de déjà 4% à ce qui préexistait avant la crise.

Le résultat de ce retour à une meilleure fortune des échanges internationaux est sans doute une hausse prévisible des cours du pétrole. Il était déjà autour de 90 dollars le baril à la fin de l’année, et de nombreux experts prévoient déjà des cours au delà de cent dollars avant l’été. Chez nous, l’électricité vient de connaître une hausse de 3% au 1er janvier. Et si le gouvernement vient d’annoncer une baisse des tarifs sociaux consentis aux ménages les plus modestes, le nombre de bénéficiaires a baissé de 30% entre 2009 et 2010, rappelait le JDD il y a deux semaines. Bref, la précarité énergétique augmente dans l’indifférence générale.

Je l’ai dit et redit, je suis favorable à une hausse des coûts de l’énergie, même si cela devient compliqué pour beaucoup de payer. Mais si c’est nécessaires, l’appui à la maîtrise de la consommation l’est tout autant. Et de ce côté-là, on ne voit toujours rien venir. Rien pour pousser les propriétaires à conduire des travaux d’isolation dans les logements, alors que le gisement est immense. Et peau de chagrin pour ceux qui avaient les moyens de financer une rénovation thermique et qui —devant la suppression massive des incitations fiscales— ne pourront plus le faire désormais.

A y regarder de près, 2011 risque fort d’être l’année de la fracture énergétique. Et pourtant, le néant à ce sujet des discours des aspirants candidats à l’Elysée laisse penser que nos élites s’en moquent. Bref, nous fonçons tous vers la décroissance subie, désorganisée. Tout comme la croissance, elle profitera à certains, et en laissera beaucoup au bord du chemin.

Bonne année quand même!

10 commentaires


  1. Au moins…merci pour la nouvelle année… heu, je souhaite plein d’oxygène à tous (vous serez exhaussés là dessus). J’avais cru lire ici et là que la France devrait s’endetter de 1000 milliards supplémentaire en hiver 2011 pour le fonctionnement de base… encore un immonde ragot colporté par le net?

  2. @ antioche

    Bah déjà, il faudrait savoir de quoi on parle : de l’Etat français (déficit public) ou de l’économie du pays (déficit commercial) ? Et est-ce bien d’euros dont on parle ? (La question parait bête, mais elle ne l’est jamais : un nombre sans unité ne veut rien dire… sauf dans les rares cas où le nombre n’a effectivement pas d’unité, ce qui n’est pas le cas ici ; or d' »oublier » l’unité, ça permet de dire plein de grosses bêtises… La preuve ci-dessous.)

    De toute façon, qu’il s’agisse de l’Etat ou de l’économie (et à supposer que l’on parle bien d’euros), il y a clairement un problème d’ordre de grandeur : 1000 milliards d’euros, c’est à très peu de choses près le *PIB* français sur 6 mois ! Sur un hiver et un printemps ! Donc ces 1000 milliards, ça voudrait dire que la France aurait besoin de s’endetter du double de son PIB durant l’hiver 2011 ? Heu, il y a comme un problème, là…

    Le déficit commercial commercial français (les flux financiers entrants qui doivent compenser le fait que la France importe plus qu’elle n’exporte) ? Il est de l’ordre de 40 à 50 milliards d’euros par an. C’est-à-dire, pour un quart de l’année (un hiver), de l’ordre de 80 fois moins que ces 1000 milliards pour le seul hiver 2011. 80 fois moins ? Bagatelle…

    Voyons maintenant l’Etat français. Le déséquilibre de son budget en 2010, particulièrement élevé par rapport aux années précédentes, était de l’ordre de 170 G€. Soit de l’ordre de 40 à 50 G€ en 3 mois. Là encore, 25 à 30 fois moins que les fameux 1000 milliards. Là encore, un peu gros pour être honnête.

    1000 milliards d’euros, c’est, en ordre de grandeur, la dette cumulée de l’Etat français, selon les critères de la comptabilité française (c’est-à-dire le passif financier brut). Si on veut être plus précis (et ne plus parler en ordre de grandeur), cette dette cumulée était estimée, fin 2009, à 1490 G€ ou 1840 G€ selon que l’on utilise les critères de Maastricht ou ceux de la comptabilité française (pour les institutions européennes, la France est moins endettée que ce qu’elle affirme, car les critères de Maastricht comptent moins de choses que la comptabilité française).

    On pourrait croire que les 1000 G€ viennent de là (à supposer que l’Etat français doive rembourser et réemprunter la moitié de sa dette totale durant l’hiver qui vient)… sauf que c’est très mal connaître la manière dont fonctionne le financement des Etats sur les marchés, et en particulier celui de l’Etat français. L’Etat français emprunte toujours sur des durées très longues : 10 ans, 15 ans, 20 ans. C’est même le premier de tous les Etats du monde, si ma mémoire est bonne, à avoir proposé des obligations avec une maturité de 30 ans (c’est à dire que l’intégralité du capital emprunté doit être remboursé 30 ans plus tard)… et ça a eu du succès ! Preuve (1) que l’Etat français inspire largement confiance au sein de ses créanciers (l’Etat français a toujours remboursé ses créanciers rubis sur l’ongle depuis quasiment 3 siècles ; c’est une des raisons pour lesquelles ses obligations sont notées AAA, la meilleure note qui soit), et surtout (2) que la maturité de sa dette est très étalée dans le temps. Donc durant l’hiver 2011, l’Etat français devra emprunter sur les marchés, bien sûr, mais considérablement moins que 1000 milliards.

    Bref, j’ai peut-être loupé quelque chose, mais à première vue, ces 1000 milliards me paraissent très très fumeux…

    1. Juste parce qu’il ne faut pas confondre l’économie d’un pays avec la comptabilité d’une entreprise… Le critère qui juge de l’économie d’un pays ce n’est pas la balance commerciale, c’est la productivité. Si Neuilly sur Seine devenait une république indépendante elle aurait un déficit commercial abyssale sans pour autant entrer dans le tiers monde…

      Et également les agences de notations avaient également noté les subprimes triple A… La dette de la France n’a pas servi à faire des investissements d’avenir elle a servi à réaliser des dépenses courantes aussi appeler « faire payer les générations suivantes », maintenant c’est encore pire puisque qu’on emprunte pour payer les intérêts de la dette…

      1. Je ne vois pas trop le lien entre ce que vous dites et la question d’antioch (et ma réponse), mais bon…

  3. Merci de la précision. j’irai voir si je retrouve cette source. En ce qui me concerne je suis sidéré de voir, sans entrer dans le détail, qu’un vendeur d’argent empoche davantage que celui produit de ces mains du réel.

  4. C’était déjà dénoncé par Marx. Depuis plus d’un siècle, rien n’a changé.
    Des gens plus compétent que moi ont calculé que les salaires réels en France stagnent depuis plus de dix ans (aux US, depuis plus de 30 ans).
    Tous les indicateurs montrent que malgré la crise, les riches s’enrichissent davantage, pendant que les pauvres s’appauvrissent de plus en plus. On se croit tous ‘classe moyenne’, mais la moyenne baisse.
    Mes parents ont élevé toute une famille avec un seul traitement de fonctionnaire. Aujourd’hui, cela ne paie guère le loyer.
    On appelle cela le libéralisme: les riches sont libres de s’enrichir, les pauvres sont libres de crever la gueule ouverte ou d’accepter des conditions inhumaines, les classes moyennes regardent la télé-(ir)réalité pour ne pas penser à leur condition réelle. Indignez-vous.

  5. @ antioche

    Les choix économiques que fait la société, c’est de la politique. C’est un choix politique de laisser les ultra-riches (les 1 pour mille des revenus les plus élevés) gagner de l’argent sans les taxer à hauteur de leur possibilité de contribution au financement de la puissance publique. Ce serait aussi un choix politique de les imposer plus.

    On a oublié qu’au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le taux d’imposition marginal sur les revenus aux États-Unis (économie libérale, s’il en est une !) tournait de 90 %. Merci Roosevelt (si je me souviens bien), et ça a duré jusqu’à la fin des années 60. Aujourd’hui, en France, un taux de 50% parait indécent aux yeux de certains.

    Mais nous vivons en démocratie. C’est-à-dire dans un système politique où le peuple choisit ses dirigeants (et peut en changer souvent). Et choisit aussi ses politiques économiques. Autrement dit, en démocratie, le peuple a les dirigeants qu’il mérite, et les choix économiques qu’il fait pour lui-même.

    Moralité : prenez-vous en au peuple français : c’est lui qui a élu un dirigeant qui prône le libéralisme. Et prenez-vous en aux peuples des autres pays européens : ce sont eux qui ont choisi leurs dirigeants, ceux que l’on retrouve à la tête de l’Europe aujourd’hui et qui prônent ce même libéralisme.

  6. Pour son premier évènement en 2011 Cleantuesday se tournera vers le sujet certainement le plus riche des Cleantech, l’éco efficacité industrielle ou « ressources efficiency », ou comment réduire ou substituer, bien au dela de la simple efficacité énergétique, toute notre consommation de matières premières et ressources dans l’industrie.

    Nouveaux matériaux, nouveaux process industriels, un thème très riche

    Avec plusieurs start ups et leaders francais et internationaux:

    * la start up française BIO3D
    * la start up française Blu-e
    * la start up française Dexera
    * autres intervenants

    Mardi 11 janvier 2011, a partir de 18H30 a la Cantine, 151 rue Montmartre, 75002 Paris (en live streaming a 19H sur http://lacantine.ubicast.eu/)

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