Bonus-malus, des chiffres en trompe l’œil

Ah, ça bosse dans les ministères pendant la trève des confiseurs. Enfin les logiciels d’emailing puisqu’hier un communiqué de presse a été adressé aux journalistes par un quarteron de ministres, pour expliquer le cru 2011 du bonus malus automobile. Et si NKM, la ministre de l’écologie figure en bonne place, c’est bien le service de presse du ministère des finances qui a adressé le message. Tout un symbole.

A lire la prose ministérielle, le bonus automobile serait une grande réussite. En deux ans, la moyenne kilométrique du CO2 émis par les voitures a baissé de 149 grammes à 131 grammes, «soit une réduction de 12% de rejet de CO2». Une baisse non négligeable mais annoncée d’une manière qui triche furieusement avec la réalité. D’abord parce qu’il s’agit des émissions théoriques des seules voitures vendues en 2009 et 2010, et non de l’ensemble du parc automobile français. Ensuite, parce que tout cela ne tient évidemment pas compte des émissions de CO2 provoquées par la fabrication de ces voitures… qu’il faudra des années pour «récupérer» à raison de 18 grammes évités au kilomètres. Enfin, et c’est là le plus surprenant de la part de ministères aussi qualifiés pour la calculette que le ministère des Finances ou du budget, le communiqué annonce qu’il y a eu «une baisse significative de la consommation de carburant»… alors que c’est l’inverse.

Ce qui m’a mis la puce à l’oreille, c’est que cette «baisse significative» n’était pas chiffré. J’ai donc filé sur le site de l’UFIP pour avoir quelques données corroborant l’optimisme ministériel. Et là, surprise, si la consommation de carburant a effectivement chuté en 2008 —rappelez vous, le baril avait grimpé à 138 dollars cette année-là—les livraisons de carburant sont reparties à la hausse en 2009 et 2010 (1), comme le montre ce petit graphique tracé à partir des données de l’UFIP.

Et oui, mesdames messieurs les ministres. Ce n’est pas parce que les voitures neuves consomment un peu moins que la quantité d’essence brûlée diminue. Car entre les deux, il y a le nombre de kilomètres parcourus, l’impact du prix de l’essence, l’optimisme des français et le niveau d’activité économique…

(1) A moins que les français se soient mis tout à coup à stocker l’essence, les livraisons correspondent à peu de choses près à la consommation.

15 commentaires

  1. C’est là qu’on se dit qu’on est content de payer des impôts. Quand nos représentants font preuves d’autant de responsabilité, d’anticipation, etc ça fait vraiment plaisir. Content. Putain 2 ans… Avant les prochains nullos.


  2. Le site de CCFA donne des statistiques intéressantes (limitées à 2009) de consommation de carburants ainsi que des émissions de différents gaz. http://www.ccfa.fr/IMG/pdf/FI8.pdf

    Le tableau d’évolution de consommation que vous présentez (statistiques UFIP) correspond au total du parc automobile Français de voitures particulières. Il dépasse les 31 millions en 2010 (en hausse régulière). Le bonus –malus n’impacte qu’un nombre limité de véhicules (sans doute de l’ordre de 3 millions sur les 6 millions vendues de 2008 à 2010). De plus, il faudrait connaître le nombre de Km parcourus. Ces statistiques ne peuvent donc donner aucun renseignement sur l’évolution de la consommation des véhicules bénéficiant du bonus-malus.

    Le paragraphe du communiqué gouvernemental concerne les véhicules neufs : « Depuis sa création, début 2008, le bonus-malus écologique a pleinement rempli ses objectifs en incitant les acheteurs de véhicules neufs à choisir les modèles, les plus sobres en CO2. En 2 ans, la moyenne d’émission de CO2 par kilomètre des véhicules neufs est passée de 149 grammes en 2007 à 131 grammes en 2010, soit une réduction de 12 % de rejet de CO2 d’origine automobile, plaçant la France en tête des pays européens. Cette avancée concrète s’est également accompagnée d’une baisse significative de la consommation de carburant. »

    On peut juste supposer, qu’à puissance égale, un véhicule neuf consomme moins qu’un véhicule ancien, et que la tendance actuelle est à l’achat de véhicule de puissance inférieure qu’auparavant.

    La vraie raison de l’évolution des mesures de bonus-malus est d’ordre budgétaire. Tous les moyens sont bons pour combler le déficit….

  3. Encore plus fort que les chiffres de l’UFIP, les comptes des transports en 2009, qui émanent du propre service statistique de feu le super ministère de l’environnement. Qu’y lit-on (page 46) ?

    « Hausse de la mobilité en voitures particulières

    En lien avec les estimations de circulation routière, les voyageurs-kilomètres réalisés en
    voiture particulière augmentent légèrement (+ 0,5 %). Cette évolution est portée
    exclusivement par une forte progression du parc des voitures particulières diesel (+ 4,7 %)
    dynamisé par les mesures gouvernementales (prime à la casse et bonus écologique). Dans
    un contexte 2009 marqué par une forte décroissance des prix des carburants en
    moyenne annuelle (fiche C3) et par une baisse de l’emploi salarié, le kilométrage annuel
    moyen se maintient (- 0,1 % en 2009) sans retrouver toutefois son niveau de 2007. »

    http://www.statistiques.equipement.gouv.fr/IMG/pdf/CCTN9_sept2010_cle546bf4.pdf

  4. Et oui une bonne taxe carbone ou une bonne vraie hausse des énergies sont bien plus efficaces que les bonus /malus qui ne servent qu’a ……. aider l’industrie automobile en plein désastre. En fait ce n’est que reculer pour moins bien sauter et ce n’est pas l’atome-mobile qui va changer cela ..

  5. J’entends enthal »pie qui chante » son anti-nucléarité!…Imaginez qu’au mois de décembre 2010 on n’ait eu que le solaire et l’éolien pour rester au chaud et s’éclairer. Whaooo ! Combien de bronchites et de pneumonies? Vous êtes drôles, vous les écolos. Que d’efforts vous déployez pour baver sur le gouvernement et prouver qu’il est nul. Moi, j’attends avec impatience le prochain miracle socialo-verdoyant, pour voir ce qu’ils vont faire de mieux. Vraiment curieux de voir ça.
    Et je préconise de faire comme moi: rouler très peu (80000km au compteur) avec une bonne voiture de 16 ans d’âge. Et j’attends avec impatience vos recettes pour diminuer le mouvement brownien des humains dans leurs superbes autos, et leur frénésie de transports souvent inutiles. Les sports d’hiver: la cohue!. Un petit tour à Malaga en compagnie « low cost » avec des employés sous-payés et sur exploités: On en redemande, etc…Et le reste à l’avenant.
    Quand allez vous enfin donner la place à une véritable autocritique du consommateur et de ses détestables habitudes? Probable que c’est moins porteur que de laver plus vert….Et bonne année quand-même…

  6. @Mano: je suis d’accord avec toi en l’état actuel du parci immobilier et du mode de chauffage poussé par EDF vers le tout électrique à cause justement du parc nucléaire qu’il faut bien rentabiliser. Par contre, on ferait et on rénoverai des maisons aux normes passiv hauss ou minergie, votre avis changerai peut être.
    Pour ce qui est de la voiture et des déplacements de nos congénères par contre je plussoie avec vous, pour ma part j’ai un R21 de 19 ans que j’ai acheté d’occasion il y a 14 ans, elle avait 136 000 km au compteur, elle en a maintenant 210 000…


  7. Limite hors sujet : le sujet automobile ne m’intéresse même pas, nous savons tous qu’il n’y a pas assez de lithium pour faire durer la voiture au delà des réserves de pétrole. C’est un fait. Mais l’imposture écologique des taxes en tous genres va bien au delà: les volontés politiques sont absentes, ou ignares. Il suffit de voir que l’on taxe les gens solvables, et non ceux qui sont sales, car il y a une nuances entre être propre et payer une taxe. Le lien de l’une à l’autre est à ce jour totalement car la distribution au ministère des finances est opaque. Aucune taxe ne pourra directement combler les comportement nocifs : il suffit, en plus de l’automobile, de regarder le marche des téléphones portables. Ces appareils en sont arrivés à un point tel de sophistication, qu’ils sont définitivement non recyclables. Et nos parlementaires n’ont même pas régulé la création de cartes sim jetables au bout de 6 mois, ni même imposé que lesdits appareils soient garantis 10 ou 30 ans. Stupide. Luxueux. Crasse. Finalement ces trois là se conjuguent assez bien.Nos descendants haïront tous ce qu’il les a précédé, excédés de devoir retaper l’enfer qu’on leur a fait.

    1. Voilà une affirmation parfaitement fausse :
      « nous savons tous (ah bon ?) qu’il n’y a pas assez de lithium pour faire durer la voiture au delà des réserves de pétrole. C’est un fait. »

      Les réserves mondiales de lithium sont suffisantes pour faire « durer » les voitures électriques de la planète, surtout avec le recyclage. Voilà donc un « fait » faux.

      Pour le reste, je vous laisse avec votre lourde culpabilité vis à vis de « nos descendants » et il me semble bien présomptueux de savoir à l’avance ce qu’ils penseront de leurs aïeux.

  8. @ GML : lisez La Recherche si le cœur vous en dit. Vous pourrez y mesurer tout la fausseté voulue. Ensuite, j’ai gravement pêché en englobant tout le monde.

    Pour ce qui est de la culpabilité vis à vis de la descendance : c’est bien connu, les entrepreneurs francs macs ne font pas des enfants de chœur.

  9. Cela veut simplement dire ceci : le recyclage est un mot d’usage courant. Mais la pratique n’est pas à la hauteur de ce que l’on met dans cette notion, ou procédé, selon l’échelle choisie. Ce que je vous reproche, c’est de vous dire que le recyclage viendra à point. Cela fait des décennies que le recyclage est « vendu ». dans les faits, la moitié de ce qui vient des ordures triées fini par être enfoui, donc non recyclé.

    Il ne faut pas croire que le recyclage prend en charge 100% de la matière mélangée, loin de là. Prôner un mode de vie moche et létal (la voiture et tout ce qui va avec : centre commerciaux épouvantables, ronds point, nœuds autoroutiers, autant de lieux moches et anti-environnement au possible), c’est oublier d’une part les conséquences épouvantables en matière de déchets en aval, mais aussi l’horreur humaine en amont (sites miniers dévastateurs pour des millions d’hectares dans le monde, sans compter les emplois en semi esclavage qui se font dans les pays concernés par ces ressources. C’est tout une chaine humaine qui ruine le globe, de la production à la poubelle. Recycler une batterie au lithium n’est toujours pas d’actualité, pas plus que de recycler les couches culottes, plus anciennes et dont le traitement n’est toujours pas résolu, pas plus que les antibiotiques dans l’eau qui ne se détruisent pas au bout d’un siècle, ni même du bouillon de détritus plastiques qui s’accumulent dans les fosses océaniques. Aucun plastique émis depuis la création du plastique ne s’est détérioré ce jour et s’accumule dans les océans (sources Greenpeace, qui vont voir et prélever in situ, eux).

    Le recyclage est un mythe brandit par quelques notables qui sont habitués à brasser des salariés comme des bâtons sur une ardoise et par quelques paresseux, mais surtout pas par ceux qui travaillent de leur main le sol, et expérimentent avec leurs os le sens de la destruction des sols.

    Pour boucler la boucle, faire payer les consommateurs, c’est toujours faire payer les plus solvables, et en rien une taxe sur le CO2 ne saurait réparer le mal causé, tout simplement parce que l’argent réunis par ce moyen ne sert qu’à fabriquer de nouveaux bureaucrates qui auront même besoin d’une voiture, de portable et d’autres cochonneries moches et NON recyclables, pour lesquelles il faudra encore et toujours plus de pétrole.

    Le nœud du changement est situé au niveau de la morale et du cœur. pour produire moins bête, il faudra produire moins bête, et non punir des consommateurs qui auront bien du mal à acheter une crotte mal faite. Je ne vois pas l’intérêt de taxer des saletés. ce sont toujours des saletés de produites.

    Il faut pour cela quitter le libéralisme économique à outrance et moraliser la production, en imposant des appareils garantis 30 ou 40 ans, dans toutes les branches d’activités. Franchement, le retour de la voiture à cheval serait une bien meilleure source d’emploi. Nombreux seraient les usagers qui auraient le bonheur de côtoyer quotidiennement et avec empathie des animaux, sans avoir à les visiter dans une cage, à un prix exorbitant. Il n’y aura jamais de voiture pour tout le globe, alors pourquoi ne pas inciter à varier les modes de transport? Parmi tous ceux qui n’ont pas les moyens de passer un permis ni de s’acheter un véhicule, nul doute qu’un nombre important serait heureux de se déplacer comme l’ont fait nos ancêtres pendant plus de temps qu’il n’en faut pour inventer l’imprimerie.

    Voilà au moins une flopée de points sur laquelle nous ne nous entendrons jamais n’est ce pas GML?

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