Effets de Terre en colloque

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Vous aurez sans doute remarqué ma discrétion ces derniers jours. Une raison à cela: j’ai été invité à témoigner de mon activité de journaliste, ainsi que mon collègue Yves Sciama, dans un colloque consacré au climat, qui se tient à Giens, dans le Var. Une «école de printemps» organisée par le réseau NICE, le Réseau sur les calottes glaciaires et l’évolution climatique, qui regroupe de nombreux laboratoires de recherche européens.

Cette école —les doctorants sont nombreux— est consacrée à l’amélioration de la communication scientifique sur les questions liées aux changements climatiques, notamment sur les questions d’impacts, de coût et d’adaptation au réchauffement. Les organisateurs ont donc invité, entre autres, des speakers à parler de leur expérience: journalistes, responsable de communication d’instituts de recherches, spécialistes de l’analyse des médias. Une journée —passionnante— était consacrée au dialogue avec les chercheurs des sciences sociales, qui travaillent notamment sur la manière dont scientifiques, politiques et citoyens discutent —ou pas— quand il s’agit de s’adapter aux évolutions du climat, et à la montée des océans.

Ce n’est pas souvent que chercheurs et journalistes peuvent prendre du temps pour échanger sur les contraintes de leurs métiers respectifs. C’est pour cela que j’ai décidé de passer la semaine entière ici. Dans ce genre de colloque —qui me rappelle une certaine vie antérieure où j’étais chercheur—, il y a les présentations, les séances de questions/réponses, et surtout les longues soirées passées à discuter du climat, et de la manière d’informer le public.

Inutile de vous dire qu’on a beaucoup entendu parler d’un certain Claude A. (1), qui est sur toutes les bouches. D’ailleurs, la publication de son bouquin est l’une des raisons, avec les polémiques sur le Giec et le piratage des mails d’un centre de recherche britannique sur le climat, qui ont conduit à la thématique que nous avons abordé cette semaine.

On perçoit bien à quel point les climatologues sont peu préparés à la tornade climatosceptique qui s’est abattue pour eux. Beaucoup n’ont jamais échangé sur leurs travaux avec des journalistes, et beaucoup sont un peu sur la défensive. Plusieurs chercheurs m’ont confirmé cette méfiance dans leurs labos, notamment français. «Certains pensent que parler avec un journaliste c’est se compromettre.» Une phrase que j’ai entendu à de nombreuses reprises. Ça montre tout le chemin qu’il reste à parcourir, pour que la communication scientifique s’améliore, et donc que le public —vous— soyez mieux informés des travaux, découvertes, et progrès dans la compréhension du climat.

D’ici quelques jours, je vous ferai un résumé de mon intervention. Résumé, parce que le texte, long, est en anglais, et pour cause. Les participants étaient en effets européens, canadiens, américains et même argentins, et l’anglais est la langue obligatoire.

(1) Lequel faisait de la retape mardi matin dans un petit déjeuner de débat avec des patrons de petites entreprises. Retape, parce qu’apparemment, il a invité les participants à rejoindre l’association «Ecologie d’Avenir» qu’il est en train de créer.

4 commentaires

  1. « L’évolution du monde est tellement rapide selon [Claude Allegre], « [qu]’il faut également innover politiquement à l’instar des Chinois, ce qui n’est pas le cas de la France. »

    Ah ouais quand même…

  2. Bonjour,

    «Certains pensent que parler avec un journaliste c’est se compromettre.»

    Eu regard ce que la communication devient après passage journalistique outre-Manche ou outre-Atlantique, je les comprends.

  3. Re-bonjour,

    Avez-vous eu l’occasion de parler de la loi de Poe? Cette loi dit que si on ridiculise les arguments de son adversaire en forçant le trait, il y en aura qui prennent cela très au premier degré (demandez à Guy Bedos), et donc après un peu de discussion, on ne sait plus qui est sérieux et qui se moque de qui. Wikipedia donne des exemples hallucinants.

    Il y a de plus en plus de sites qui reprennent les arguments des écervelés, mais épicés d’une très bonne d’humour; cela rafraîchit. je peux vous conseiller http:// denialdepot.blogspot.com/ ou http://friendsofginandtonic.org/


Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.