Finalement, Obama aime le nucléaire, à moins que…

© Denis Delbecq
© Denis Delbecq

Que se passe-t-il donc dans le nucléaire américain? Soupçonné de faire la sourde oreille, Obama avait répliqué en annonçant 54 milliards de prêts à l’industrie nucléaire dans le budget 2011, le triple du montant voté par le Congrès. De quoi satisfaire l’industrie nucléaire américaine qui dépense des fortunes pour convaincre l’administration que sans appui financier conséquent, le nucléaire continuera de végéter aux Etats-Unis. Mais sans doute pas de quoi relancer l’industrie tant les coûts de fabrication ont grimpé.

Mother Jones raconte ainsi que la ville texane de San Antonio souhaite se retirer d’un projet de centrale nucléaire lancé en 2007 avec NRG Energy. A l’époque, le budget était estimé à 5,8 milliards de dollars (pour deux réacteurs). Un an plus tard, a facture prévisionnelle a grimpé à 13 milliards, et il se murmure désormais que l’addition pourrait grimper à 22 milliards. Et CPS, la firme municipale, a décidé de retirer ses billes. Une procédure judiciaire a donc été engagée par NRG qui lui contestele droit de modifier sa participation. Et en dépit de l’intérêt porté par l’industriel japonais Tokyo Electric Power et de l’aide que Washington pourrait lui accorder, NRG pourrait bien abandonner le projet. Détail important, il s’appuyait sur la technologie de troisième génération de General Electric, et non sur celle d’Areva.

Restons-en aux chiffres officiels. Ça nous met le réacteur à 6,5 milliards de dollars pièce, soit 4,8 milliards d’euros. Une évaluation qui parait raisonnable si on regarde la facture de l’EPR Finlandais d’Areva (6 milliards d’euros) et les plus de quatre à cinq milliards de celui de Flamanville. Sauf qu’en France on annonce des prix bidons avant la construction, et on les fait flamber ensuite… Tandis qu’aux Etats-Unis, les prix flambent tous seuls, bien avant le démarrage du chantier, puisqu’il ne devait démarrer qu’en 2012. Et si on en croit le rapport indépendant cité par Mother Jones, chaque réacteur du projet texan nécessiterait plus de onze milliards de dollars…

Fort de ces nouvelles, et en dépit des nombreux projets —de papier pour le moment— et des promesses de Washington, verra-t-on une renaissance du nucléaire américain? Rappelons qu’aucun chantier n’a été engagé —si ma mémoire est bonne— depuis l’accident de la centrale de Three-Miles Island? Rien n’est moins sûr. Car à supposer que les 54 milliards de prêts annoncés par la Maison-Blanche en 2011 soient effectivement versés, le ministre de l’énergie a reconnu qu’ils ne pourraient au mieux subventionner que 7 à 10 réacteurs. Et d’ailleurs, encore faudrait-il qu’autant de réacteurs aient besoin de fond. Car beaucoup de projets sont suspendus, en raison des interrogations des autorités fédérales sur leur sûreté, à commencer par celle de l’EPR, mis en cause récemment par les autorités de sûreté nucléaire française et britannique. Ajoutez-y l’abandon du «cap-and-trade», un encadrement des émissions industrielles de gaz carbonique, concédé ces derniers jours par Obama aux Républicains pour sauver le peu de ce qui reste dans sa loi sur le climat, et vous comprendrez qu’on doit être déçu chez Areva et consorts.

N’allez pas penser que j’approuve pour autant la dissolution du cap-and-trade dans le consensus parlementaire américain. Faute de mieux, c’est encore ce qu’il y avait de plus efficace pour pousser les industriels étatsuniens à réduire leurs émissions. Mais contrairement à ce qu’en disent les «experts», le nucléaire n’est pas plus viable sans subvention que les sources d’énergies renouvelables. On appellera ça la preuve par Obama: on accepte les financements électoraux du lobby nucléaire, on abandonne le projet de stockage des déchets à long terme de Yucca Mountain, on donne des gages à coup d’annonces budgétaires à grand fracas, et on espère surtout que l’industrie nucléaire jettera toute seule l’éponge. Car il y a fort à parier que les Etats-Unis ne parviendront même pas à remplacer leurs centrales atomiques vieillissantes (et fuyantes) avant des décennies… Rien que pour ça, il y aurait de quoi plomber le budget fédéral pour un sacré bout de temps. Et ça, Washington le sait parfaitement.

12 commentaires

  1. Appréciez la Clinton Nuclear Plant.. déja en 1987 on sentait que le type avait de l’énergie à revendre

    Pour ceux qui connaisse un peu les USA, il est de notoriété publique que les lobby anti nucléaire sont bien plus puissants que les pro nucléaire.

  2. Disons que cela m’arrangerait si je savais pourquoi des posts ne passent pas et d’autres si … je n’ai pas l’habitude de m’illustrer par des insultes ou autre propos déplacés pour comprendre pourquoi certains bloquent.
    J’essaye juste de mettre en ligne une lien vers un site d’état et origines de ttes les implantations nucléaires US (une bonne douzaines de constructions depuis 1979)… d’où le test.

    1. Author

      Tous les posts passent sur ce site. Demandez à miniTAX. Certains sont interceptés par l’antispam, et donc ne paraissent qu’après validation (en général, les messages « suspendus » contiennent plus d’un lien). Mais encore une fois, il n’y a pas de censure sur Effets de Terre. Publiez votre liste (il n’est pas exclu que des chantiers nucléaires décidés auparavant aient démarré après 79, mais aucun —sauf défaillance de mémoire— n’a été décidé après 1979). Et calmez vos doigts, les « esfdfsfds » ne servent à rien!

      1. Mon post n’évoquait aucune possibilité de censure. Et j’ai plus de souvenirs de vos pertes de calme que des miennes ……non ?

        Il est ERRONE (inutile de tourner autour du pot) de dire que l’incident de TMI a été l’origine des arrêts de constructions de centrales. Dans la décennie 70’s près de 50 projets ont été abandonnés et autant après. Celles qui ont été construites après auraient pu subir le même sort non ?. Il a été privilégié des extensions plus que des créations . Rappel utile, la stabilité et baisse moyenne du prix du baril pdt les 20 ans qui ont suivi dans un pays producteur est aussi un élément clef. Au total plus d’un tier de la production nucléaire US a été refaite.

        Et un projet effectif peut être évoqué 20 ans auparavant, il est DECIDE dans les 5 ans qui précédent. Aucune économie publique n’engage des investissements de cet ampleur en gageant sur les XXX gourvernements qui suivent (surtout au USA). Le plan OBAMA (aussi dans le programme de Mc Cain) n’est qu’une compil’ d’Autorisations de Programmes décidés par les 3 dernières administrations (Bush Jr et Clinton) qu’il souhaite amplifiées et accélérées. Sinon vous expliqueriez la construction de San Antonio par une décision d’avant 1979 ??? Pas logique vous m’accorderez….

        Pour les cours de compta nat.. je pense qu’il doit y avoir qq lignes sur le programme d’Europe Ecogolobobologie……

  3. Ah au fait entre deux lectures de mes vibrations intempestives de mes doigts je vous invite à une petite relecture des us et coutumes des comptabilités nationales… histoire de faire la différence entre Autorisations de Programmes et Crédits de Paiements ….. ça peut tjrs servir .. comme l’économie et l’histoire.

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