A l’Est aussi, l’Antarctique aurait la fièvre

L'Antarctique vu par Radarsat © Nasa
L'Antarctique vu par Radarsat © Nasa

Il faudra encore le vérifier, mais l’est de l’Antarctique semble bien lui aussi touché par l’évolution du climat. Dans Nature Geoscience, une équipe de l’université du Texas estime que cette région du continent a commencé à perdre de la glace en 2006 (1). Au total, le continent Antarctique a livré 190 milliards de tonnes de glace à l’océan en 2006 (2), dont jusque un quart proviendrait de l’est. Des résultats obtenus par les instruments de mesure de la gravitation par satellite (Expérience Grace).

Jusqu’à présent, seul l’Ouest de l’Antarctique était considéré comme victime de débâcle des glaces. A l’Est, les observations donnaient un bilan plus incertain, la marge d’erreurs ne pouvant déterminer si le continent rejette de la glace vers l’océan, ou au contraire s’il en gagne. Ces nouveaux résultats publiés dimanche laissent penser que ce bilan serait bien négatif (57 milliards de tonnes de glace perdue), malgré la très forte marge d’erreur (52 milliards de tonnes). Bref, l’Est aurait perdu entre 5 et 109 milliards de tonnes, essentiellement dans les régions côtières. Le centre du continent, lui, connaît un bilan incertain, tant les évolutions (à la hausse ou à la baisse) sont faibles au regard des quantités observées sur les côtes.

Evolution des glaces de l'Antarctique e 2005 à fin 2008 © Université du Texas/Nature Goscience
Evolution des glaces de l'Antarctique de 2005 à fin 2008 © Université du Texas/Nature Goscience

De plus, dans l’une des deux régions où la glace s’accumule de manière notable, les chercheurs relèvent un net ralentissement depuis 2006. Le bilan pour l’ensemble du continent serait donc bien négatif: l’Antarctique maigrit et contribuerait plus qu’on le pensait à l’élévation du niveau des océans.

Il faut bien évidemment raison garder, car ces mesures sont entachées d’incertitudes importantes et portent sur sept années seulement. Mais si elles sont confirmées, elles éviteraient que l’Antarctique ne soit pris en otage dans la contestation de l’origine humaine du réchauffement. Après tout, dans un climat réchauffé à l’échelle globale, rien n’empêche que des régions du monde ne soient soumises à un refroidissement…

(1) Edition du 22 novembre 2009

(2) Entre 113 et 267 milliards de tonnes, compte-tenu de l’incertitude de mesure

8 commentaires

  1. Bonjour,

    On peut comparer cette histoire avec ce qui se passe de l’autre côté de l’Antarctique:
    http://www.realclimate.org/index.php/archives/2009/11/is-pine-island-glacier-the-weak-underbelly-of-the-west-antarctic-ice-sheet/

    Ma conclusion privé: la glace fond par en bas. Les quelques mètres ne font quasiment aucune différence sur les 1200m ou plus d’épaisseur de la banquise (tandis que c’est largement assez pour quasiment faire disparaître l’Arctique), mais constituent une réalité bientôt douloureuse.

    Cette fonte par le bas est compensée (partiellement, entièrement, encore plus) par une accumulation par le haut, due au trou de l’ozone (également une fabrication humaine).

    Donc on n’a moins vu venir le réchauffement climatique dans les ’70 parce qu’il y avait les aérosols qui masquaient, et on ne voit pas venir la fonte aux pôles parce que masquée par le trou dans la couche d’ozone.

    Et comme maintenant il y en a qui crient pour qu’on refasse cette pollution atmosphérique pour lutter contre le réchauffement (sous le sobriquet ‘géo-ingénierie’), on ne tardera pas à entendre des voix pour appeler à un plus grand trou d’ozone pour refroidir l’Antarctique, voire l’Arctique (qui souffre « que » d’un trou mineur).

    Cela promet.

  2. Ce n’est pas ce que dit le GIEC apparemment sur les particules aérosols :

    « Wind-blown dust
    They are important because they strongly affect Earth’s energy balance in two ways: they scatter and absorb sunlight and infrared emission from Earth’s surface, and act as condensation nuclei for the formation of cloud droplets. According to the Intergovernmental Panel on Climate Change, these effects tend to cool the planet to almost the same degree as carbon dioxide emissions warm it. These estimates are uncertain, however, so more data are needed. »

    http://pr-canada.net/index.php?option=com_content&task=view&id=142299&Itemid=61

    On commence à entrevoir une stratégie : les activités humaines réchauffent la Terre à cause des émissions de CO2, mais la refroidissent en même temps à cause de la pollution (les fameuses particules)… d’où taxe carbone et bientôt la taxe particule ??

    Mais tout ceci est au conditionnel… DD l’a bien noté dans son article.
    Parce qu’en fait on ne sait pas, on est pas sûr… mais ça vaut quand même le coup de donner l’info.

    C’est un peu comme moi. Je pourrais ne rien écrire sur ce blog, parce que j’ai des incertitudes sur le degré de débilité des articles et de beaucoup d’intervenants. En fait je ne sais pas… j’ai pas encore assez de données, je suis pas certain à 100%.
    Mais bon, dans le doute, j’y vais quand même de mon petit post…

    1. Lire interventions en place d’intervenants…

    2. T’aurais pu te retenir. Le GIEC n’écrit pas au Canada, mais en Suisse:
      « Anthropogenic aerosols scatter and absorb short-wave and long-wave radiation, thereby perturbing the energy budget of the Earth/atmosphere system and exerting a direct radiative forcing. »
      La suite est ici: http://www.ipcc.ch/ipccreports/tar/wg1/index.php?idp=212, sections 6.7, 6.8 et 6.9
      Et pour ceux qui n’aiment pas lire, ou au moins pas en anglais, un dessin:
      http://www.ipcc.ch/ipccreports/tar/wg1/figspm-3.htm
      (A noter que les pages html sortent du 3e rapport du GIEC, pour le 4e, en français, il faut prendre son mal en patience, télécharger http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/syr/ar4_syr_fr.pdf et aller à la page 49, figure 2.4).

      1. Tu me parles du 3ème rapport de 2001 du GIEC. Alors que l’étude dont parle cet article canadien fait état d’observations satellites depuis 12 ans…
        On sait que le GIEC s’adoucit de rapport en rapport.

    3. Très bonne initiative Abitbol, dans le pire des cas, l’erreur n’est source que de correction et d’apprentissage. Se mouiller au risque de se faire corriger c’est courageux et ça me motive. Allez, hop, je me lance.
      Moi non plus je ne suis pas expert et ne tiens pas à le devenir. Néanmoins, rien ne m’empêche d’avoir mon avis sur la question, même si il s’avère faux. Dans ce cas, j’en sortirai instruis.
      La seule chose que je constate, c’est que personne ne donne une explication fiable de la rythmique actuelle de « la respiration planétaire » et les complexes échanges d’énergies qui s’y passent.
      En revanche, quand nous constatons que la glace fond, on parle de réchauffement de la zone et donc de son influence sur la température globale. Ensuite, on observe l’inverse et on statue que la terre régule elle-même ces excès. Ce sont pourtant les mêmes corps scientifiques qui constatent depuis des décennies que la terre est vivante, qu’elle se régule à son propre rythme et qui la maintient en équilibre. Et alors quoi, elle aurait du nous attendre pour le faire! Il faut être culotté pour annoncer ça comme une découverte. Mais je ne mets pas tout le monde dans le même panier.
      Il est pourtant simple de comprendre que nous avons changé le rythme de la « respiration planétaire » par notre agitation industrielle et que celle-ci va réguler cet excès en accord avec le rythme qu’on lui impose. C’est à dire plus fort et plus vite, avec les effets climatiques que cela engendre. Et pour faire ce constat, nul besoin d’expertise, il suffit d’observer.
      Bien à vous.

  3. Ce n’est je l’espère plus un secret pour personne que les calottes glaciaires autour des pôles ont considérablement fondu depuis le dernier maximum glaciaire il y a 20 000 ans avec des conséquences très importantes sur le niveau des mers (élévation de 120 mètres), mais aussi sur la topographie des continents: entre autres, le socle rocheux s’est soulevé d’au moins mille mètres en Norvège, produisant lors de l’érosion subséquente les magnifiques fjords que nous aimons tant. Ce phénomène est appelé isostasie, et il est dû à la diminution du poids appuyant sur le manteau sous-jacent à la croûte terrestre. En somme, les continents se comportent comme des bouchons sur lesquels la glace cesse d’appuyer.

    Cette transformation gigantesque de la topographie des régions polaires s’est produite en environ 10 000 ans et est due à une augmentation de 5° à 6 °C de la température moyenne terrestre !

    Quels seront alors les résultats d’une nouvelle augmentation du même ordre de cette température, cette fois-ci en un siècle?
    En tous cas les mesures gravimétriques, étant donné leur extrême sensibilité, ont peut être la capacité de nous dire si le socle rocheux se soulève.

  4. Et si malheureusement, c’est encore plus obscur pour la majorité d’entre-nous que vous ne le pensez.
    Il faut être clair sur le fait que nous sommes en permanence face à une information et son contraire à ce sujet.
    Heureusement, il y a des gens tel que vous qui nous donne l’opportunité d’élargir nos sources et de nous forger une opinion solide et basée sur des faits.
    Et malheureusement, il y a aussi les opposants qui jouent à un jeu pervers, désinformer. Ce sont les même qui intoxiquent notre alimentation, notre air. Leur but est de semer le doute en premier, et le désintérêt en second.
    Alors, si vous avez des données fiables et vérifiables, partagez vos sources avec générosité, car c’est un acte héroïque.
    Merci BMD.

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