Déforestation, la preuve par l’image

Déforestation par le feu en RDC © Daniel Beltra. Courtesy of The Princes Rainforests Project & Sony
Déforestation par le feu en RDC © Daniel Beltra. Courtesy of The Princes Rainforests Project & Sony

Le photographe espagnol Daniel Beltra a reçu il y a peu le prix du «Projet forêts humides du prince»(1), dans le cadre des prix Sony de la photo. Une récompense qui lui a permis de mettre en images la réalité de la déforestation en Amazonie, en Indonésie, et en République démocratique du Congo (RDC). Une exposition se tiendra à Paris, à l’Hôtel de Ville, du 3 au 14 octobre. A voir les clichés que j’ai reçu, et d’autres publiés par le Guardian, elle mérite le détour.

(1) La Fondation du Prince Charles, of course.

11 commentaires

  1. Bonjour,
    Malheureusement ces images ne montrent pas les multinationales derrière cette déforestation et nous européens qui achetons les meubles fabriqués avec ce bois.
    Les feux montrés sur ces photos concernent l’agriculture sur brûlis qui en zone forestière humide est l’étape après une phase de déforestation.
    Par exemple en Côte d’Ivoire, les forestiers français ont commencé à exploiter les essences rares de la forêt primaire de la zone de Fresco Divo dans les années 1950 ; A partir des années 1960 et 70, les plantations de café et de cacao ont suivi après avoir brûlé les restes de forêt. Les zones non en verger sont cultivées selon le système jachère (5 à 10 ans) culture sur brûlis. Les cendres représentent un engrais, mais le feu détruit aussi la matière organique… Les sols se dégradent ensuite rapidement sous ces climats tropicaux très humides, Erosion…
    Merci pour toutes ces infos
    Philippe

    1. Ce que tu ne dis pas Philipe c’est que la déforestation c’est aussi dû aux populations locales qui gèrent très mal la ressource. Ici en Amérique centrale la déforestation est terrible. Le pire c’est au Salvador. On ne peut pas accuser les vilaines compagnies étrangères d’être responsables de la catastrophe écologique que je vois tous les jours. Au contraire, je serai bien content de trouver le moyen de valoriser les espaces boisés pour les conserver. Les écologistes vont devoir se renouveler parce-qu’ils sont trop souvent largués.

  2. QUI PEUT NOUS SAUVER? ?
    Consommer differement , je veux bien ,mais comment etre aussi reactif que les ingenieurs des grands groupe????

  3. Les sols des anciennes forêts humides ne se transforment pas automatiquement en latérite ou ne s’érodent pas systématiquement plus qu’ailleurs. C’est totalement faux. Se sont souvent des terres agricoles d’une qualité sans égale avec un premier horizon bien noir d’une épaisseur considérable. Allez dans les pays déforestés de longues dates pour vous en rendre compte.

    1. Si on parle de terra preta c’est quand même un cas extrêmement particulier…

    2. Il m’avait semblé aussi que ce sol noir a des accents de charbon de bois… Un peu d’explication, Blase? On lirait ça avec plaisir.

      1. Bonsoir,
        Pour alimenter le débat,…
        Je maintiens ma position, les populations locales viennent après les exploitants forestiers qui ont dégradé irrémédiablement les forêts primaires. A ma connaissance les peuples de la forêt, pygmées d’Afrique centrale et indiens d’Amazonie n’ont pas dévasté leur forêt avec laquelle ils ont vécu en symbiose pendant des millénaires,…
        Et je signe… les terres sont peut-être riches au départ, mais très vite elles se dégradent sans le couvert forestier. L’exemple souvent pris est l’île de Saint-Domingue, A l’Ouest, Haïti complétement pelé depuis le déboisement, à l’Est , La République Dominicaine encore verte. Regardez le contraste sur Google Earth….
        Ayant travaillé au Rwanda qui s’apparente beaucoup à Haïti, densité de population, agriculture de montagne, la seule solution à l’érosion des sols serait les terrasses… et le reboisement des sommets de colline, mais malheuseument l’essence utilisé est souvent l »Eucalyptus, un grand ravageur des sols….
        Il y aurait beaucoup à dire mais condamner les populations rurales locales c’est un peu fort…Peut-être doux réveur écolo, j’ai vécu près de 10 ans la vie quotidienne de ces ruraux qui survivent en brousse en cultivant la banane, le café, le cacao, le riz que nous mangeons tranquillement dans nos pays sur consommateurs
        Philippe

      2. Ce qui m’interpelle dans ce que tu dis c’est que tu fais référence à une réalité passée. En Amérique latine les tribus ne sont plus représentatives de la population. C’est une grande tristesse, mais c’est la réalité. Elles rêvent plus du modèle américain ou brésilien qui bien sous des aspects est encore pire, que de vie tribale. C’est aussi remarquable que tu parles de « condamner les populations locales » alors que c’est hors de propos. Ceux dont je parle sont mes amis. Mais je serai idiot de ne pas voir qu’ils manquent de tout, en particulier de formation et d’organisation. A contrario, je vois souvent un modèle d’organisation citoyenne qui n’a pas son égale en Europe ou aux USA dans lequel je fonde beaucoup d’espoir, mais ne nous voilons pas la face, il existe de gigantesques problèmes internes qui génèrent destruction et pauvreté. Tu pourras te flageller matin, midi et soir que ça n’y changera rien.

      3. Tout ça c’est une histoire de formation des sols. La nature sait faire un truc fantastique que nous ne savons pas faire: auto-entretenir la fertilité des sols et même l’augmenter. C’est un processus très lent qui est interrompu lorsqu’on déboise. Dans le cas de l’Amérique centrale, ce sont souvent des terres d’une grande qualité agronomique dotée d’une couche argilo-humique d’une épaisseur incroyable (qui n’a rien avoir avec du charbon). C’est dans cette épaisseur que se concentre l’essentiel de la fertilité du sol. L’Europe a déboisé pour avoir des terres agricoles. De quoi se surprend-on alors?

        Mon propos n’est pas de dire vive la déforestation, mais de dire qu’il ne faut pas se montrer trop hâtif à désigner toujours les mêmes causes sans essayer de comprendre la réalité du terrain. Par définition cette dernière est très variable, mais ceux qui travaillent dans le développement identifient souvent les mêmes carences dans la gestion des ressources. Pour donner un exemple frappant au Salvador, un propriétaire a réussi à revendre 10 fois ses 80 manzanas (une manzana=7000m²) en débordant sur la réserve naturelle environnante. Aucune compagnie n’est à impliquer dans ce déboisement. C’est plutôt un gros problème de cadastre et de corruption. Pour mettre terme à cette situation, le nouveau gouvernement a mis en place un programme des « escrituras » comptant parmi les promesses des « 100 jours ». Renseignez-vous.

        Je participe à la reforester la mangrove au Salvador. Là encore, on se retrouve confronté à des pratiques terrifiantes de la part des populations locales qui dévastent en un instant ce que la nature peine à faire en des années. Un exemple, la taille de la mangrove qui s’accompagne de grand coup de machette dans le sol pour découper « la lana », une sorte de couche de matière en décomposition pour récupérer « el culiche », un vers utilisé pour la pêche que l’on trouve sous les racines des palétuviers rouges. Le résultat est un déboisement accéléré de cet écosystème si essentiel. A rajouter à cette activité destructrice s’ajoute la pêche à la dynamite. Je ne vois toujours pas de vilaines compagnies étrangères à rendre coupable de tous les maux…

        En ce moment même est construite une route sur la Peninsula de San Juan del Gozo, toujours au Salvador. Pour la tracer il a fallu déboiser et bien que les populations locales déforestent pour avoir de quoi faire cuire leur bouffe ou construire leurs sommaires habitations, ce bois est regroupé pour être brûlé sans que cela ne serve à personne. Comme quoi il y un grand problème de gestion et d’éducation environnementale, même si dans ce cas, il y a une compagnie locale qui est en partie responsable.

      4. J’ai quand même envie de corriger une chose que j’ai dite: nous savons entretenir la fertilité d’un sol et même l’augmenter. C’est tout l’intérêt d’une agriculture écologique. Ce que j’ai voulu dire c’est que lorsque nous voulons le faire nous faisons appel à des sources extérieurs (fumier, taille de haie, BRF…) ou grace à la végétation laissées entre les cultures comme en agroforesterie. Il existe des modèles agricoles comme la permaculture qui essaie de tendre vers un idéal ou la culture n’est qu’une composante d’un écosystème qui s’auto-entretient. Si vous pensez que c’est la solution à tous nos problèmes, venez vous confrontez à la réalité. Allez l’expliquer à des paysans qui passent la journée torse nu, en short à balancer des pesticides sans masque avec un arroseur rempli de poison sur le dos. Vous verrez si le problème est avant tout un manque de développement humain ou si sont seules coupables les méchantes compagnies capitalistes. Mais au fait, qu’est-ce qui leur donne un si grand pouvoir dans un pays pauvre? Une partie de la réponse sans-doute: « ventre qui a faim n’a pas d’oreille ».

      5. exactement !

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