Bouchons de ciel, un casse-tête visuel

L’air de rien, les embouteillages aériens, c’est parfois un enfer. Je passe sur les attentes interminables et les galères des passagers. Quand on prend l’avion, il faut bien assumer. Non, si je vous parle des bouchons aériens, à l’approche des aéroports, c’est parce qu’il y a matière à économiser du kérosène, et donc du gaz carbonique. En Europe, la Commission de Bruxelles a d’ailleurs lancé un plan qui vise à réduire les embouteillages, notamment dans le triangle infernal Londres-Bruxelles-Paris, et permettrait d’économiser chaque année des centaines de millions d’euros de carburant, et plus de dix millions de tonnes de gaz carbonique, ce qui n’est pas rien.

Aux Etats-Unis, la situation est encore pire qu’en Europe, notamment à New York. La revue Wired consacre un long papier à ce sujet, et à la refonte du contrôle aérien. Dans la région de New York, l’organisation du ciel date de 1920, à l’ère de l’Aéropostale… Et la FAA, l’autorité qui gère l’aviation outre-Atlantique, travaille comme l’Europe à améliorer la gestion des airs. Pas facile puisque chaque avion, explique Wired, est géré comme s’il était un immeuble de dix kilomètres de long, autant de large, et six cent mètres de haut. A l’approche des aéroports, l’air manque. Et il y a des dollars à la clef, puisque la FAA calcule que la réduction des embouteillages permettrait d’économiser entre 7 et 40 millions de litres de kérosène par an dans chacun des 34 grands aéroports américains… Évidemment, lutter contre cela va coûter un œil puisque le programme NextGen de la FAA nécessite plusieurs centaines de milliers de dollars d’instruments électroniques par avion, des centaines de stations au sol et j’en passe… En gros, il s’agit de mettre les avions en réseau social à la Facebook, pour qu’ils échangent des informations et calculent de nouvelles routes d’approche en liaison avec le contrôle au sol… Au total, il y en aurait, aux Etats-Unis, pour 40 milliards de dollars d’investissements, tandis que l’Agence américaine calcule que l’amélioration du trafic fera gagner plus de 20 milliards par an au pays.

Pour l’occasion, Wired a mis dans son papier une série d’animations qui montrent une journée de trafic au dessus des Etats-Unis, et ce qui se passe au dessus de régions du pays. Cela redessine fidèlement les frontières du pays. On voit bien le jour se lever à l’Est, et le trafic démarrer vers l’Ouest et la Californie. C’est étonnant de voir ainsi ce qui se passe dans le ciel. Mais qu’est ce que ça pue pour la planète!

Une journée de trafic aérien au dessus des Etats-Unis

8 commentaires

  1. T’as raison ça pue ! et grave ! je sais pas s’ il faut rire ou pleurer

  2. Pas si simple.
    Si les avions passent partout (surtout dans les phases de basse altitude), la pollution sonore sera généralisée.
    Plus aucun havre de paix n’existera.

  3. Moi je suis un peu géné aux entournures quand je lis ce genre de conclusion basique (désolé). Car que voit-on finalement? Des points, représentant des avions, ok, à l’échelle d’un pays (et pas le plus petit) ou du globe, carrement. On pourrait les compter, puisqu’il y a moins de 20 000 avions dans le monde, et tous ne sont pas en vol en même temps. Et de là à conclure, ça pue. Moui. J’veux bien, l’aviation a mauvaise presse niveau écologie. C’est pas nouveau, ça semble s’amplifier pour des raisons qui m’échappent. Car si on veut bien être honnete, les progrès en matière de consommation et de rejets réalisés par les motoristes et avionneurs ont été considérables ces dernieres années. Appliqués au secteur, disons au hasard, automobile et toute proportion gardée, vous seriez étonnés du résultat. Mais non, il semble « de bon ton » de taper sur l’avion. Bah après tout, c’est la faute des riches, donc c’est bien normal. Et même si ça compte que pour 2 ou 3% dans les émissions globales de CO2…
    Maintenant, si seulement il pouvait exister le même genre d’animation mais pour les poids-lourds, à l’échelle seulement de Paris, ou de la région Rhone-Alpes, ce serait une toute autre histoire! Car pas du tout la même échelle. Et pas du tout pour les mêmes conséquences. D’apres les stats gouvernementales, il y avait plus de 430 000 (quatre zeros) poids-lourds en France en 2007. Ce serait là, pour le coup, vraiment que ça pue, et au sens propre du terme. Mais on en parle un peu moins de ça, je trouve. Mais c’est peut-être moi. Bah après tout, c’est la faute des pauvres, et ils ont déjà assez de problèmes comme ça.
    Tiens, d’ailleurs (mais je me fais volontairement polémique), est-ce que ce sont les riches ou les pauvres qui polluent le plus? Je veux dire au niveau d’un état. Car si le riche peut se permettre la tomate bio du coin, le pauvre lui la fait venir du Maroc. Bilan CO2?
    Vaste débat parallèle peut-être.
    Quoiqu’il en soit, il est clair que de larges progrès peuvent être faits dans la gestion du trafic aérien. L’introduction du controle 4D pourrait d’ailleurs être une sacrée révolution dans ce domaine. Et les gains carbone/kéro non négligeables. Les industries y travaillent. Néanmoins, taper à l’aveugle sur « l’avion-pollueur », alors qu’on écrit un commentaire sur son iPhone, coincé dans un embouteillage, ça va un moment.

  4. Le trafic aérien c’est 3,5% des émissions globales de CO2 (ce qui est gigantesque pour une activité qui ne concerne qu’une petite partie de la population mondiale) avec une augmentation des émissions de 4,5% par an en Europe… En Europe pendant que d’autres secteurs faisaient des efforts pour réduire leurs émissions les compagnies aériennes ont annulé près du quart de la réduction des émissions de gaz à effet de serre européennes entre 90 et 2004…

    En ce qui concerne l’efficacité énergétique pour le coup le transport aérien est un exemple parfait du secteur dans lequel ça ne sert à rien… L’efficacité énergétique ça marche pour tous les produits dont le cout d’énergie ne constitue pas une part importante du prix de vente, dans ces produits là, si vous réduisez la consommation d’énergie vous ne réduisez pas le prix et donc la consommation globale du produit reste inchangée… Dans le cas des produits dont l’énergie est une grande part du prix de vente (c’est le cas de l’aviation qui est exempté des taxes sur le carburant et du marché des émissions de gaz à effet de serre), les gains en efficacité vont faire baisser le prix de vente ce qui peut entrainer une augmentation de la consommation globale…

    C’est ce qui s’est toujours passé aux Etats Unis par exemple :

    http://research.cibcwm.com/economic_public/download/snov07.pdf (p6)

  5. La « consommation » de l’aérien aux US est un peu biaisée, ils prennent l’avion comme on prend le RER.

    Ceci dit, le prix du billet n’est pas vraiment le reflet du carburant consommé. J’en veux pour preuve un simple billet AF Genève-Toulouse qui coute autant qu’un Paris-Auckland (NZ)…

    L’idée n’est pas de parler du cout je crois, même si je comprends votre argumentaire. L’idée est plutôt de réduire l’empreinte sur l’environnement. Les prévisions donnent un doublement de la flotte mondiale d’ici quelques petites dizaines d’années. Les industrielles travaillent justement sur le fait que ce doublement sera, espérons-le, transparent au niveau CO2 et consort.

    Il n’en demeure pas moins que quand on s’attaque à un problème, c’est plus efficace de commencer par le plus gros contributeur que par le plus petit… Ce tout ce que j’essaie de dire.

  6. Selon les estimations, la pollution engendrée par les avions équivaut celle des bateaux et celle d’Internet.
    A chacun de faire ses choix 🙂

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