Oubliez les bœufs!

© Denis DelbecqCela fait sans doute longtemps qu’on n’a pas vu ça. La crainte d’une pénurie alimentaire revient sur le devant de la scène et nourrit des crises de plus en plus dures dans les pays en développement. Il suffit de taper FAO dans un moteur de recherches de news pour s’en rendre compte. Et pourtant, les journaux font plus leurs Unes sur le coût de la crise financière aux Etats-Unis que sur ces émeutes de la faim…

Au Sénégal, en Mauritanie, en Egypte, à Haïti, ces émeutes se succèdent face à la forte hausse du prix des denrées alimentaires. Le prix de certaines céréales flambe. Dans un chat avec les lecteurs du Monde publié jeudi, Jacques Diouf, le patron de l’organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), rappelait qu’il avait prévu ces émeutes dès octobre. Dans Libé, qui consacre un court papier à ce sujet ce matin, Christian Losson rappelle des chiffres qui font froid dans le dos: en 2007, le prix des produits laitiers a grimpé de 80% sur le marché mondial et les céréales de 42%… Les stocks alimentaires mondiaux ne sont plus que de douze semaines, et malgré la hausse de la production, devraient encore baisser en 2008 pour atteindre des niveaux inégalés depuis vingt-cinq ans.

En France, les consommateurs se sont bien rendus compte de la hausse des prix alimentaires. Et en Italie, les ménagères protestent contre la hausse du prix des pâtes. Mais l’impact de la hausse des cours sur les ménages reste modéré en Europe puisqu’une famille y consacre environ 15% de son budget pour se nourrir, contre les trois-quarts pour une famille nigériane, rappelle Losson. En Inde, c’est 50% à 60% du revenu qui, en moyenne, part dans l’alimentation. Bien évidemment, cette part est d’autant plus élevée que l’on est pauvre, et pour les familles les plus fragiles, même en Europe, la hausse est difficile à digérer…

Pourquoi tant de hausse? D’abord et surtout parce que se conjuguent la démographie galopante et le développement économique qui conduit à des changements alimentaires. Récemment, lors d’une conférence sur l’Etat de la planète que je donnais, j’ai entendu des remarques acerbes dans la salle quand j’expliquais que la consommation de viande devient un problème de plus en plus difficile à gérer, tant elle pompe sur les stocks de céréales. Mais c’est un facteur de plus en plus inquiétant: au fur et à mesure qu’ils se développent, les pays du sud (Inde et Chine en tête) se ruent sur les pratiques alimentaires occidentales et consomment de plus en plus de bœuf et de produits laitiers… Chacun, moi le premier, peu donc faire du bien à son portefeuille, aux cours mondiaux et à sa santé en réduisant sa consommation de bidoche au profit de légumes bio, non?

Il y a aussi des facteurs climatiques, comme la sécheresse qui frappe l’Australie, un des greniers à blé de la planète. Des pays qui mettent des barrières à l’export pour protéger leur demande intérieure, comme l’Argentine. Là-bas, le pays a été paralysé pendant plusieurs semaines par un conflit et des blocus routiers, organisés par les producteurs de céréales et de viande pour protester contre la hausse de taxes à l’exportation. Un conflit dur et plusieurs fois ces derniers jours, des serveurs de restaurants m’avaient expliqué qu’ils ne recevaient plus de viande, dans plusieurs villages du nord-ouest du pays.

La flambée des cours du pétrole n’arrange rien dans un monde où le développement de l’agriculture se fait à coup de tracteurs et d’engrais et de pesticides qu’il faut bien fabriquer. Il y a aussi la forte demande de céréales pour les biocarburants. Si elle reste marginale en terme de tonnage, elle augmente un peu plus la tension sur les marchés et fait grimper les cours.

Mais le pire de tout cela est aussi dans ce qu’affirme Diouf aux lecteurs du Monde: sur le marché à terme de Chicago, on a vu des envolées de cours de 31% en une seule journée, sous la pression de spéculateurs qui jouent la hausse… Et lui pense pourtant que la planète peut très bien nourrir les neuf milliards d’habitants attendus pour la moitié du siècle, et sans recours aux OGM s’il vous plaît. Mais les députés de l’UMP ne doivent pas connaître l’existence de la FAO puisqu’ils ont préféré livrer l’agriculture française aux multinationales du gène modifié plutôt que de placer la France en tête du combat pour la protection de la biodiversité…

45 commentaires

  1. @Romu, le problème de la faim est certes très politique, mais il n’empêche qu’en France les rendements ont été multipliés de façon impressionnante par les techniques de culture, et que la  » révolution verte » a permis de faire face dans un pays comme l’Inde à une très forte croissance de la population!
    Quelques remarques sur vos remarques: on n’incorpore pas un insecticide, qui est un produit chimique mais un gêne de résistance à certains insectes, ce qui n’est pas la même chose. Ces gênes ne sont pas produits artificiellement, c’est impossible, mais  » récupérés » sur des microorganismes, qui les possèdent déjà. et à ce que je crois savoir, la nature procède sans arrêt à de nombreux  » croisements » de ce genre :cela fait partie des mécanismes naturels de l’évolution. Les gênes en question, ils existent donc déjà!
    L’irréversibilité des OGM me paraît très douteuse, car, me semble-t-il, elle ne peut se produire que lorsque cela donne un avantage déterminant à ces plantes dans la compétition naturelle. Je répète par conséquent : a-t-on observé la pérennité des OGM dans la nature? A-t-on observé des effets néfastes sur les animaux qui consomment des OGM depuis 15 ans déjà?
    Et pourquoi certains agriculteurs, qui n’appartiennent à ce que je sache à aucune mafia, souhaitent-ils cultiver des OGM?

  2. Il y a les 2 en fait, des plantes modifiée pour résister, mais il y a aussi des plantes prévues pour diffuser des toxines, comme décrit dans l’article suivant :
    http://cgi.lefigaro.fr/sciences/20071105.FIG000000144_des_ogm_insecticides_doublement_modifies.html

    J’avoue ne pas saisir votre point sur l’irréversibilité, à partir du moment où il y a contamination, ce qui a déjà été prouvé, cette irréversibilité est de fait, puisque qu’il est impossible de revenir en arrière, la plantes contaminées vont, à leur tour, en contaminer d’autres etc…

    De ce que j’ai vu et lu, c’est que vu qu’on ne maîtrise pas toutes les interractions au sein de l’ADN et que l’incorporation d’un gêne peut avoir des conséquences complètement imprévues ou or de contrôles.

    Pour les effets néfastes sur les animaux, oui, il y a des études en ce sens :
    http://www.futura-sciences.com/fr/sinformer/actualites/news/t/genetique-1/d/un-mais-ogm-destine-a-lalimentation-humaine-suspecte-de-toxicite_10522/

  3. @ICS, votre analyse de la situation est très idéologique. Mais les famines ont existé dans tous les contextes idéologiques: la plus grande famine de l’histoire contemporaine a eu lieu en Chine en 1960 sous le régime communiste pur et dur du regretté Mao, avec le résultat spectaculaire que le rythme de croissance de la population mondiale – car la Chine, çà fait beaucoup de monde, a été à l’époque divisé par deux en deux ans. Rassurez-vous, il n’a pas tardé à retrouver son rythme de croisière!
    Lors des grandes sécheresses d’il y a quelques années au Sahel, les marchands, qui disposaient des moyens de transport, ont entretenu la pénurie de grain pour faire monter les prix, dans des régimes politiques de type tribal!
    L’Union Soviétique, régime communiste, a été le champion absolu du désastre écologique.

    N’accablez pas nos dirigeants, ils sont faits à notre image! Regardez autour de vous, vous observerez à petite échelle ce qui vous dénoncez à grande échelle. Et ne tapez pas trop sur les scientifiques: ils sont comme les autres. Mais au moins, ils ont un effort pour comprendre, plutôt que de noyer leurs contemporains sous des discours.
    Votre critique de miniTax est abusive. Je ne suis pas d’accord avec ses conclusions sur le climat, mais au moins il en « tâte » dans ce domaine. J’ai bien noté certains de ses arguments, et je me documente actuellement pour vérifier.

  4. *****************************
    Quant aux agrocarburants, on trouvait deja d’excellentes informations sur leur inefficacite a combattre l’effet de serre sur le site de Jancovici. Simplement, Chirac voulait la flatter son electorat paysan en lui donnant des primes camouflees. Je repete que l’avenir est a l’utilisation de l’electricite pour les voitures, et je constate que c’est aussi maintenant l’idee de C. Gosn, qui dirige Renault-Nissan.

    La premiere personne qui a critique violemment les biocarburants n’etait-elle pas Fidel Castro???

    Rigolo!
    *****************************

    Bon je passerais sur le fait que Jancovici est plus une source de moqueries que d’informations mais juste pour préciser l’histoire du biocarburant en France.
    Déjà à la base ça vient des pétroliers : le manque de capacité de raffinage en France les ont obligés à aller chercher des carburants raffinés de mauvaise qualité au moyen orient pour ensuite en augmenter la qualité pour le mettre aux normes européennes en le mélangeant avec un peu de biocarburant…
    Ca a été favorisé par deux choses : la culture du colza qui était motivée par le grand besoin pour les protéines alimentaires animales qui a fait suite à l’interdiction des farines animales et le fait que l’association colza/maïs augmentent les rendements. Comme quand on produit un tourteau de colza on se retrouve avec plein d’huile de colza et que l’industrie agro-alimentaire préfère utiliser l’huile de palme, fallait bien utiliser les stocks.
    La culture de betterave dont l’union européenne veut se débarasser puisque ça coute 4 fois plus cher du sucre de betterave que du sucre de canne à sucre. La France (et plus précisément le nord de la France) est le premier producteur mondial a vu ses betteraviers sommé de changer de culture ou de trouver de nouveaux débouchés… Les biocarburants de betteraves c’est purement une question de patrimoine culturel, si on les arrête la betterave devient un produit de luxe et on fout toute l’industrie du sucre de betterave au chomage.

    Sur Fidel Castro, c’est tout simplement l’effet de la lutte d’influence que se livre le Vénézuela et le Brésil… Le Vénézuela livre du pétrole à bas prix dans divers pays ce qui lui permet de s’offrir leur soutien (ce qui marche bien si l’on se réfère aux votes sur l’accession au conseil de sécurité de l’ONU qui l’opposait au Guatemala) tandis que le Brésil mène des actions de développement sur les biocarburants… Plus les gens utilisent des noix de coco à la place du pétrole et moins Chavez à de l’influence… En plus il préférerait avoir un Brésil en situation de dépendance pétrolière plutot que d’indépendance comme maintenant… Donc rien d’étonnant…

  5. @Tilleul, Jancovici source de moqueries plus que d’informations, çà me fait marrer. S’il y a quelqu’un qui en France a aidé à démystifier et à faire comprendre à beaucoup d’internautes bien des aspects des questions énergétiques, c’est bien Jancovici! Cela dit, votre analyse des origines des biocarburants me paraît bien vue. Mais il faudrait y ajouter que les mouvements écologistes sont pour beaucoup dans l’engouement médiatique qui a suivi, et le soutien de l’opinion publique. La plupart font marche arrière maintenant, mais il est bien tard!
    Nous sommes maintenant dans les absurdités suivantes, qui sont l’engouement de l’opinion française pour les éoliennes, favorisé par le délire médiatique et les images subliminales à la télévision ( même Areva a flanqué sa publicité d’une rangée d’éoliennes!),et le refus des Allemands de comprendre les risques qu’ils courent avec le charbon!

  6. Jancovici c’est mon mètre étalon pour mesurer la crédibilité technique des gens sur le sujet, c’est écrit avec suffisamment de conviction pour passer devant quelqu’un qui n’y connait pas grand chose, mais dès qu’on s’y connait un peu on se rend compte que ces données de départ sont généralement erronées…

    Sur les biocarburants les critiques environementales se résument à l’utilisation d’intrants chimiques et les dégagement d’oxyde d’azote (mais toutes les cultures n’ont pas ce problème, voir le papier de Crutzen qui a fait grand bruit à l’époque mais que personne n’a lu dans le détail…) ainsi que l’utilisation de charbon et de gaz naturel pour produire l’éthanol de maïs américain dans les installations qui ne sont pas à cycle fermé…

    Ce qui est attaqué c’est l’agriculture intensive, pas les biocarburants…

    « Nous sommes maintenant dans les absurdités suivantes, qui sont l’engouement de l’opinion française pour les éoliennes, favorisé par le délire médiatique et les images subliminales à la télévision ( même Areva a flanqué sa publicité d’une rangée d’éoliennes!),et le refus des Allemands de comprendre les risques qu’ils courent avec le charbon! »

    Alors pendant que EDF augmente son parc thermique pour pouvoir réguler les centrales nucléaires française (parce que, UE oblige, elle ne peut plus brader à l’extérieur ses surproductions ou alors elle est obligé de faire le même tarif aux opérateurs d’électricité à l’intérieur des frontières), les allemands, eux, consomment moins d’électricité, diminuent l’utilisation du charbon et annulent les décisions d’implantations qui ont été prises par les compagnies d’électricité qui se rendent compte qu’il est de plus en plus difficile de passer outre l’opposition des populations… Après le référendum de Ensdorf qui a obligé RWE a annulé un projet de centrale, c’est le projet de Vattenfall de construire une centrale au charbon près d’Hamburg qui a du plomb dans l’aile…

    Ah oui mais c’est vrai les Allemands, ils n’ont pas fait de Grenelle…

  7. Sinon sur Jancovici : parmis les erreurs qu’il commet (y en a plein d’autres): le fait de ne pas tenir compte des coproduits, c’est très important parce que faire un biocarburant ça consiste juste à séparer l’énergie de la plante des éléments nutritifs. Un kilo de drèche issu de la production d’éthanol de maïs permet d’éviter la production d’un demi kilo de maïs et d’un demi kilo de soja pour les vaches laitières.

    Sa justification est la suivante :

    « Ainsi, à peu près toutes les filières de biocarburants produisent en même temps des produits qui servent à l’alimentation animale des élevages hors sol. Tant que nous conservons des tailles importantes de cheptel bovin ou porcin, il est clair que ces produits « valent quelque chose ». Cela étant, il ne semblerait pas stupide, si le but du jeu est de limiter autant que faire se peut les nuisances environnementales (par exemple pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre), de diminuer les tailles de cheptel dans le même temps que nous allons augmenter la production de biocarburants. Dans un tel contexte, sommes-nous sûrs que ce qui sert aujourd’hui à l’alimentation des élevages industriels pourra toujours servir en totalité à l’avenir ? Si non, alors nous n’aurons plus des « sous-produits » mais des déchets, et il « compteront pour rien » dans la répartition des consommations intermédiaires. »

    Ca consiste à supposer que le monde occidental devient majoritairement végétarien… Or 70% à 90% des céréales produites dans les pays développés sont à destination de l’élevage… S’il prend cette hypothèse celà veut dire qu’il y a un bouleversement majeur dans la répartition des terres cultivées ce qui libère pas mal d’espace. De plus la majeure partie de l’énergie utilisée dans la production des biocarburants à base d’éthanol vient du fait qu’il faut sécher ces coproduits pour pouvoir les mettre sous une forme plus facile à manipuler… Si dans son hypothèse il considère qu’on jette les drèches, qu’on m’explique quel serait l’intérêt qu’aurait une distillerie à les conditionner…

    Deuxième point le fait de ne prendre en compte des chiffres de programmes de biocarburants qui ont soit des objectifs uniquement agricoles (betteraves), soit sont une exploitation de déchets (colza qui est cultivé d’abord pour son tourteau et son interaction avec les autres cultures). Il est évident qu’il ne pourra pas obtenir un bon gain énergétique en faisant celà puisque ce n’est pas le gain énergétique qui est recherché mais un gain social ou une meilleure utilisation des ressources.

    Pour les cultures énergétiques de la biomasse il faut voir du coté des allemands qui utilisent des sytèmes de culture combiné qui permette de faire deux récoltes par an (pour l’utilisation en biogaz on a pas à attendre que la plante soit muri comme pour une utilisation alimentaire), ce qui double la production d’un champs par rapport à un usage agricole.

    Du coté des programmes de biocarburant brésilien avec la canne à sucre on n’a pas besoin de casser l’amidon comme pour le blé ou le maïs, on peut répartir la production sur une longue période à la différence de la betterave, c’est pas le même climat (Jancovici précise que la récolte d’un champs n’est effectivement pas forcément supérieur… mais il ne prend pas en compte le fait qu’ils peuvent se permettre plus de récoltes !), et la totalité de l’énergie nécessaire au procédé est tiré de la combustion de la bagasse… Les distilleries brésilienne peuvent même se permettre de renvoyer des surplus d’électricité vers le réseau brésilien.

    Si Jancovici avait fait ses calculs avec les meilleurs techniques disponibles et des hypothèses réalistes au lieu de le faire avec les pires techniques existantes et des hypothèses farfelues, il serait arrivé à des conclusions similaires à celle de Moreira (2004) : la surface totale disponible pour cultiver la canne à sucre (en excluant les forêts) est de 153 millions d’hectares, utiliser 143 millions d’hectares de ces terres permettrait de produire 90 EJ sous forme de carburant et d’électricité (60% plus d’énergie que la consommation actuelle d’énergie utilisée pour le transport….). Ou encore Fulton (2004) qui conclut que la canne à sucre pourrait assez facilement produire assez de carburant pour remplacer 10% de la demande global en essence pour 2020. En plus contrairement à ce que croit Jancovici, il n’y a pas que les terres arables qui peuvent être utilisés (eg jatropha mais aussi ricin) et il existe des moyens de faire plusieurs cultures sur le même champs ce qui permet de produire tout en bénéficiant des intéractions positives entre les différentes espèces (jatropha encore). Le potentiel il est donc là, il n’y a aucun soucis à avoir là dessus…

    L’atout environnemental par rapport au pétrole il est là aussi quand on ne fait pas comme Jancovici qui oublie de considérer dans sa comparaisons que le pétrole n’arrive pas magiquement dans le réservoir des consommateurs mais qu’il faut l’extraire et le raffiner ce qui à aussi un cout environnemental…

    La question principale c’est donc plutot de savoir comment on exploite cette ressource avec une agriculture propre et responsable…

  8. @Tilleul, 90 EJ= 90 .10E18J .1 tep= 42 GJ. Donc selon Moreira, et selon vous, on peut produire environ 2 ,1 Gtep d’éthanol sur 143 millions d’hectares. Or la consommation mondiale de carburants pétroliers est actuellement de 2 Gtep/an. Et cela représente une productivité nette de 14,7 tep d’éthanol à l’hectare, soit plus de 22 tonnes/ha! N’auriez-vous pas consommé un peu trop de rhum agricole?

  9. Dans les meilleures condition un ha donne 85 tonnes de matière sèche et 7000 d’éthanol (en moyenne au Brésil : 82,5 tonnes et 6500 L)

    143E6 ha * 7000L* 21E6 J/L = 21E18 J de carburants (sachant que les moteurs fonctionnent mieux à l’éthanol, SAAB a réussi a avoir 20% d’efficacité en plus dans ces voitures, je pourrais majorer le résultat)

    Ces carburants sont produits en utilisant la chaleur issu de la combustion de la bagasse dans une unité de cogénération :
    en bagasse on à 143 E6 ha * 85E3 kg * 16E6 J/kg = 195E18J avec un rendement de 0,35 ce qui donne 68 EJ d’électricité…

    Le cycle de photosynthèse est un cycle C4 ce qui est la façon la plus optimum qu’à la nature pour stocker l’énergie mais qu’on trouve chez les plantes qui ont besoin de beaucoup d’irradiation et de chaleur pour prospérer… Maintenant si vous faites le calcul du rapport énergie produite/énergie solaire on est juste à 0,9%, y a pas de quoi s’extasier…

  10. @Tilleul, c’est déjà plus clair, mais je ne comprends pas votre histoire de cogénération: si vous voulez obtenir un rendement de 35% pour la production d’électricité, vous ne pouvez produire que de la chaleur à basse température. Que reste-t-il pour distiller l’éthanol?
    Et quelle est la quantité d’énergie utilisée pour la culture?
    143 millions d’hectares, cela représente quelles proportions des surfaces cultivables du Brésil?

  11. La température de distillation c’est 78.3 degrés… C’est suffisant pour obtenir un éthanol pur à 95,57% qui peut être utilisé comme carburant à condition de tourner quasi uniquement à l’éthanol parce que le mélange avec l’essence marcherait mal avec un moteur non adapté (dans ce cas il faut retirer toute l’eau pour avoir de l’éthanol anhydrique et c’est un peu moins simple).

    Les hautes températures ne sont nécessaire que si on utilise une plante à amidon (maïs, blé) parce qu’il faut casser les molécules d’amidon en sucres par une hydrolyse avec de l’acide dilué à haute température, pour la canne à sucre cette étape n’est pas nécessaire puisque la plante à déjà fait le boulot.

    Google me donne comme surface cultivable au Brésil un chiffre de 165 millions d’hectares (évidemment tout ne permet pas la culture de canne à sucre, par contre on a un autre candidat qui est le sorgho sucré qui peut être cultivé sur des terres moins riches en eau) mais si on en arrive à se mettre à cultiver 150 millions d’hectares de cultures énergétiques pour les bagnoles j’aurais tendance à considérer ça comme un crime écologique (vu que ça repousse toute les autres cultures dans des zones sensibles comme la cerrado pour le cas brésilien) et ce serait en plus une absurdité économique… Pour l’instant l’essentiel de l’éthanol abusivement appelé « de canne à sucre » ne vient pas de directement de la plante mais de la mélasse qui est un coproduit du raffinage du sucre. Donc il s’agit plus d’une optimisation des ressources, même si les rendements sont moins élevés vu que la mélasse contient moins d’énergie, il y a une certaine coexistence entre les deux activités qui permet de stabiliser les prix et la production. Utiliser la canne à sucre à un usage purement énergétique ne permettrait pas de profiter de cette synergie donc je ne sais pas ce que ça pourrait donner sur les prix…

    Clean car is no car… Tant qu’on aura pas agi profondément sur l’urbanisme pour supprimer l’usage quotidien de la voiture il n’y aura pas de silver bullet qui pourra nous permettre de continuer impunément nos co…ies.

  12. « Clean car is no car…  »

    Bah voyons. En attendant, le nombre de voiture augmente chaque année.
    Comme ils sont bêtes tous ces gens de ne pas écouter les central planificators.
    Ils ne savent décidément pas ce qui fait leur bonheur.

  13. [quote]Bah voyons. En attendant, le nombre de voiture augmente chaque année.
    Comme ils sont bêtes tous ces gens de ne pas écouter les central planificators.
    Ils ne savent décidément pas ce qui fait leur bonheur.[/quote]

    Non on écoute simplement les professionnels :

    « Les problèmes d’énergie et d’effet de serre sont avant tout politiques. Tout le monde les connaît mais personne ne veut les prendre en compte. Les villes ne sont pas construites selon les principes du développement durable, mais sur celui de rentabilités successives. Ou dans l’urgence, ce qui est bien la pire des situations…. » Jean Nouvel (Prix Pitzker 2008)

    et pour citer un crypto-marxiste bien connu :

    « Or, dans ce domaine, nous avons une vraie révolution à faire, individuelle et collective: basculer de l’urbanisme commercial du siècle dernier, importé d’outre-Atlantique, je veux parler de la proliférations des centres commerciaux de dizaines de milliers de m2 qui ceinturent nos villes, vers l’urbanisme commercial du XXIème siècle qui doit ré-inventer un commerce de proximité moderne, implanté au coeur des nouveaux quartiers.
    Il y en a marre de ces hypers de périphérie qui vident nos centres-villes de toute vie commerciale, qui concentrent des milliers de bagnoles en fin de semaine sur d’immenses parkings asphaltés, défigurent nos entrées de ville et menacent de thrombose nos rocades et autres voies d’accés. Le secteur du Lac à Bordeaux en donne chaque samedi le triste spectacle.
    Alors, nous dit-on, il faut construire de nouvelles autoroutes et de nouveaux échangeurs. Où s’arrêtera-t-on?
    Ne serait-il pas plus judicieux, plus durable et plus aimable de rapprocher l’offre commerciale des quartiers de résidence, comme nous le demandons désormais dans les secteurs en construction?
    Je ne suis pas sûr que ce soit la tendance.
    On nous annonce même la suppression de toutes les règles et procédures qui encadrent l’installation de nouveaux hypers. Avec un argument massue, en ces temps de lutte pour défendre le pouvoir d’achat: les hypers sont moins chers que le commerce du coin de la rue et font même baisser les prix.
    J’aimerais voir une étude sérieuse, sur la durée, intégrant l’ensemble des coûts individuels (notamment déplacements) et collectifs qui en fasse la démonstration… » http://al1jup.com/viewPost.php?id=358

    Vous m’excuserez mais les règles d’urbanisme, c’est pas le marché qui les définit…

  14. @Tilleul, pour les surfaces cultivables au Brésil, j’ai 90 Mha, soit 10% environ de la superficie totale, ce qui est la moyenne mondiale. Mais cela date de quelques années, et Il est sans doute possible de faire plus.
    Dautre part les données que j’ai pour l’éthanol de canne à sucre, ou de mélasse si vous préférez, c’est 3,8 tep/ha en moyenne. En utilisant 20% des surfaces cultivables, objectif affiché pour 2020 semble-t-il, cela fait environ 85 Mtep d’éthanol, soit 6% de la consommation mondiale actuelle d’essence!
    Quant à utiliser l’éthanol pour régulariser le marché du sucre, c’était l’idée initiale. Faire rouler les voitures du monde entier avec, çà me paraît dément!
    Une question: je lis dans un ouvrage fort savant qu’une tonne de canne à sucre, cela représente en potentiel énergétique environ 1 baril de pétrole, réparti ainsi: 0,042 tep d’éthanol ( en multipliant par un rendement de 85 tonnes de canne à l’hectare, on touve 3,6 tep d’éthanol à l’hectare), 0,056 tep de bagasse et 0,056 tep de résidus lignocellulosiques ( actuellement brûlés sans profit sur champ). Les 0,056 tep de bagasse ne sont-ils pas utilisés pour fabriquer l’éthanol, auquel cas ils ne devraient pas figurer dans le bilan?


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